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François Louchet

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De quelques paysages entraperçus le 6 juin 1944
(tentative de restitution)

En ce jour du 6 juin 1944, cent mille hommes furent débarqués ou parachutés sur une terre dont ils ne connaissaient au mieux qu’un relevé cartographique ou quelques photographies aériennes. Tombés du ciel dans le bocage ou échoués sur les plages de Normandie, ces jeunes Américains, Canadiens ou Britanniques allaient découvrir dans le fracas et le tumulte des combats un paysage serein, façonné par le travail paisible et séculaire des hommes.
C’est leur vision de ces terres inconnues que s’attache à restituer François Louchet à travers huit parcours dans le paysage Bas Normand vu par les yeux de huit soldats alliés : des récits à la première personne du « Jour le plus long » correspondants aux itinéraires possibles à partir des deux zones de parachutage (l’une américaine à Sainte Mère l’Église, l’autre britannique à Pegasus Bridge) et des six zones de débarquement que furent les plages de Sword, Juno, Gold, Omaha, ainsi que la pointe du Hoc et Utha. Huit traversées du paysage sous un ciel bas, parmi les prairies inondées, les fossés, les villages désertés par leurs habitants.
Rejetant toute attitude archéologique, délaissant les vestiges sur lesquels se concentre aujourd’hui le tourisme de la mémoire, François Louchet nous propose un récit fictionnel. Si le tracé de chaque parcours, la succession historique des sites et même les conditions météorologiques ont été scrupuleusement respectés, ce travail ne se veut nullement une reconstitution. Ce serait une entreprise aussi vaine qu’hasardeuse.
Il se présente d’abord, comme une tentative de restitution du paysage tel qu’il a pu être perçu par ceux qui venaient d’y être brutalement plongés. Les cadrages chahutés, les bords incertains de l’image, les flous de bougé, le choix du point de vue parfois près du sol, suggèrent les conditions dans lesquelles des soldats, happés dans le maelström de la bataille, ont découvert et appréhendé un territoire qu’ils ne connaissaient pas. D’emblée, ils sont amenés à une relation intime avec les lieux et les éléments : la fraîcheur humide de la terre, la rugosité des chemins empierrés, la sensualité des dunes, tout un éventail de sensations les assaillent. Entre les combats, pendant ces intervalles où la mort n’est qu’en suspens, le bocage, de manière indécente, lance son offensive de charme, fait assaut de douceur. Qui sait si quelques uns de ces hommes, malgré la peur au ventre, n’y ont pas été sensibles.

Jean-Christian Fleury

www.francoislouchet.fr
www.FLeditions.fr

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