Avec Silenzio !, Francois Fontaine a dressé un inventaire muet de cinéphile. Ces photographies vaporeuses de scènes iconiques piochées dans l’histoire du cinéma distillent une douce nostalgie, révélant seulement avec le temps l’intensité de leurs émotions. Elles sont un hommage au cinéma autant qu’à la photographie, puisqu’il utilise les caractéristiques de l’image fixe pour exprimer son admiration de celles qui défilent 24 fois par seconde.
Le flou, tout d’abord, langage esthétique anti-cinématographique par excellence, donnent aux images une texture aérienne qui les placent directement dans le champ de la mémoire, du souvenir visuellement imprécis mais émotionnellement intact. Le flou exprime également l’impossibilité de capturer en une seule image une sensation, parce que sensation implique trouble, effervescence, agitation, choc, secousse et autres mouvements irrationnels qui compromettent la netteté photographique. Par ce langage, il invite le hors-champ dans le cadre, un hors-champ émotionnel contenu dans les scènes précédentes. Le flou agit également à la manière d’un costume qui rend impossible l’identification immédiate de ces silhouettes familières, dans un écho aux différents rôles qui les ont rendus charismatiques. Le flou, enfin, donne à ces photographies un aspect pictural qui permet à François Fontaine d’exprimer son talent de coloriste et, subtilement, de dire son admiration pour le travail de lumière des plateaux de cinéma.
Le choix du cadrage est également révélateur. Rompant avec l’horizontalité de l’écran, François Fontaine a construit une galerie où prédomine le format vertical. Il définit donc sa série dans le genre du portrait photographique, un portrait du cinéma autant que de ces icones vibrantes.
Laurence Cornet
Exposition
Du 8 novembre au 22 décembre 2012
A. Galerie
12, rue Léonce Reynaud
75116 Paris
France
Silenzio !
Photographies de François Fontaine
Textes d’Anouk Aimée et Dominique Païni
Les éditions de l’OEil
98 pages
25 euros