Dans les photographies ludiques de Frank Horvat, les potentialités du corps se débattent avec l’arrogante matérialité de l’espace. L’œuvre pulvérise le vulgaire enchaînement des causes et des effets. La présence devient aléatoire et transformée par effet de pillow book au “grain” particulier et ironique. Aussi à la fameuse question de Bellmer « Ai-je besoin de monstres pour illustrer la déficience humaine ? », Horvat répond par la négative dans cette autobiographie visuelle.
Le photographe crée des points de fuite et des fantasmagories qui sortent le corps de sa trajectoire. C’est la surrection contre l’amorphe, qui ne se satisfait plus de l’esthétique platement anthropomorphique et de ses inventaires. Ne reste alors que l’apparition, le suppôt de la présence clignotante. Et au besoin Horvat suggère l’existence d’un passage qui mène de la solitude vers le monde, et donc vers le réel. Se développe sur l’organique et à partir de lui-même une inversion ou un renversement des flots du corps. Il est “sens” dessus dessous par effet de surface.
Jean-Paul Gavard-Perret
Jean-Paul Gavard-Perret est poète, critique et maître de conférences en communication à l´Université de Savoie, en France.
Frank Horvat, Photographic Autobiography
Publié par Hatje Cantz Verlag
38 €