Copie conforme de quelques confrères, célèbres parce que moins timides, Franck Delautre est le prototype de toutes les lubies pour mener à bien l’accomplissement de ses projets.
Pour réaliser son inventaire de la déchéance de nos commerces à taille humaine, il n’hésite pas à parcourir toute la France sur sa bicyclette, matériels et couchages embarqués. Entre nuits à la belle étoile et errances de villages en villages, il attrape derrière l’objectif le plus grand nombre de façades en perdition ou de précieux détails à l’éloquence de parfaites oraisons funèbres.
L’homme est intéressant ; mais, ses œuvres photographiques le sont bien davantage. Au premier coup d’œil, les images sont d’une bonne facture et sans défauts techniques. Un travail de professionnel compétent qui a peut-être passé autant de temps en laboratoire ou en postproduction que derrière le viseur de son appareil.
Si le sujet est effectivement important, l’auteur des photographies l’est tout autant. Tout est millimétré depuis le cadrage qui ne laisse aucune place à la contestation, à la décadence des couleurs qui s’éteignent inexorablement. La composition n’est pas en reste dans ses points de rigueur qui nous confrontent à la réalité des agonies, de leur côté les éclairages assurent une atmosphère constante quelles que soient les latitudes, les heures ou les caprices de la météo.
Il est dommage que cette collection d’œuvres de Franck ne soient pas plus souvent exposées, car elles le méritent bien plus que nombres d’images, ni faites ni à faire, qui s’étalent abondamment sur des multitudes de cimaises bien trop accommodantes.
Thierry Maindrault
