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Francis Kochert – BERLIN, un devoir de mémoire

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Faut-il avoir été grand reporter pendant plus de 40 ans pour faire de Berlin la ville de son cœur ?

Il faut, tel Francis Kochert, être plus qu’un historien de l’instant, loin du cliché caricatural du journaliste – pour honorer – en reportages toujours au long cours – la mémoire du passé afin de mieux préserver l’avenir.

Il faut avoir été ému jusqu’aux larmes retenues, pour capter à Berlin la moindre trace de l’horreur vécue pendant la funeste nuit de Cristal du 9 Novembre 1938.

Il faut être maître dans l’art de photographier avec sourcilleuse méticulosité les signes rescapés de la barbarie alors naissante.

Il faut, tel Francis Kochert, avoir été des dizaines de fois arpenter les ruelles, rues et avenues de la capitale allemande : de la Friedrichstrasse , de la Kantstrasse , de la Uhlandstrasse et de tant d’autres ,pour nous donner la chance d’un nouveau rideau non plus de fer mais d’images à la traque « des mots obscènes , énervés, des ombres pixellisées des affiches »*.

Chaque image de Francis Kochert crée, pierre par pierre, l’émotion graphique qui nous fait franchir la porte de Brandebourg de… notre mémoire engloutie sous les flots de clichés qui nous submergent et anesthésient notre vigilance contemporaine.

Il faut tel Francis Kochert être expert dans la prolifération banale du « Street art » pour l’enrichir d’un pertinent retour aux sources maléfiques « des ombres assassines »* qui imprègnent encore les murs- vitrines du nazisme alors conquérant, toujours menaçant.

Il faut avoir vécu tant de nouveaux conflits, qui n’auraient jamais dû être, pour que Francis Kochert nous guide de son œil acéré pour « relever des bribes de sang séché étalées sur la surface tapageuse du temps »*

Francis Kochert est tel le Champollion d’une capitale –phare européenne dont il dévoile 80 ans plus tard les hiéroglyphes de la tragédie annoncée, vers la seconde guerre mondiale.

Il faut être Francis Kochert pour nous aider – par cet édifiant ouvrage « Les fantômes de Berlin » à relire la Grande Histoire, vivre une promenade esthétique tout en noir et blanc et mieux « apprivoiser le chaos et interroger le passé dans l’obscurité de la nuit. Une nuit qui gagne toute l’Europe à nouveau « tatouée à même la peau de Berlin, comme linceul de nos rêves, fragmentés, révoltés »*.

Il faut être Francis Kochert, journaliste, photographe, membre de l’Académie nationale de Metz , Président du Festival de théâtre «  Passages » , tout un symbole , pour nous rendre solidaires jusqu’au bout des mots écorchés vif sur la surface de ses images et nous dire : « il suffit de regarder les yeux fermés »

Il y a quelque chose en lui de Bertold Brecht, tant ses images traversent le temps et transpercent nos consciences pour les maintenir en vigilance.  Natürlich.

Alain Mingam

 

Francis Kochert – Les Fantômes de Berlin, Die Geister Berlins
Edition Promenade
108 pages, env. 200 photos n/b
relié cousu
21 x 24,5 cm
edition promenade 2019
ISBN 978-3-944897-17-2
30 euros

www.edition-promenade.com

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