Et pour finir, Les Photographiques présenteront les travaux de quatre autres photographes : Francis Jalain avec « Mémoires », Michel Lagarde et ses autoportraits sous l’intitulé « Dramagraphies », Christophe Salles autour de ses photographies de ville et une rétrospective d’Yves Allain.
Francis Jalain – Mémoires
Cette série de photographies prises entre 1980 et 2008 s’inscrit dans une démarche qui propose une signification et une lecture différente des éléments qui nous entourent.
L’aspect d’un paysage virtuel en première lecture se transforme par la suite dans la perception d’une photographie de mur. Je ne prends la photographie qu’à partir du moment où j’ai perçu sur une surface de mur un aspect « paysage ».
Photographiés avec un cadrage large, ces murs réapparaissent comme des paysages après un recadrage précis. Ces photographies interpellent l’espace de notre mémoire où sont gravés des souvenirs diffus de voyages.
Les lieux imaginaires et les rythmes de la nature se confondent comme dans les rêves. Le centre d’intérêt de ces images se situe dans la confrontation entre le virtuel et la réalité. Celles-ci nous rappellent certaines œuvres de peintres, issus du mouvement de l’art moderne ou de l’art abstrait.
Michel Lagarde – Dramagraphies
Michel m’a montré son travail pour la première fois il y a plusieurs années. Il n’y avait alors qu’une petite dizaine d’images. Anecdotiquement, cela vous donne une idée du temps de gestation de chacune d’elles. Je me souviens très bien du premier choc devant ces tirages grand format où l’œil rencontrait partout une profondeur de champ absolue. Je lui en fis la remarque, lui disant que « ce n’était pas comme ça dans la vie » et lui de me répondre que si. Il avait raison bien sûr, regardez autour de vous, n’importe où vous posez les yeux : c’est net. Ce sont les limites optiques des appareils de prise de vue qui nous ont habitués à des lointains flous.
De fait, chaque image débordait de vie, chaque détail prenait une place imposante sans que le thème principal de l‘image soit pour autant sacrifié. Cela, c’est la récompense d’une composition irréprochable où votre regard est conduit là où le peintre (nous y arrivons) le souhaite…
J’ai compris là que, si Michel avait cessé d’utiliser l’acrylique ou l’huile depuis plusieurs années, il n’avait jamais cessé de peindre. Je pensais regarder des photos, je me retrouvais devant des tableaux, peints à l’objectif plutôt qu’à la brosse. « Autoportraits » semblait bien pauvre pour définir ces univers. « Dramagraphies » s’imposa.
C’était notre univers de théâtreux qui s’étalait là, mis en scène par l’œil du peintre : derrière ces personnages et ces scènographies, se devinait une dramaturgie sournoise qui se dissimulait dans l’imagination du spectateur. Qui, pourquoi, comment, où donc, mais Bon Dieu quand ? Tout était possible pour chaque histoire suggérée : c’était le spectateur qui bossait.
Dans chaque image, la force comique éclatait, avec gentillesse et simplicité et pourtant, chacune d’elle fonctionnait comme ces « vanités » des XVIe et XVIIe.
Texte de Patrick Mecucci pour l’ouvrage « Dramagraphies » aux Editions Ankama.
Christophe Salles – Villes
La ville est à l’intérieur. Elle n’a pas de forme. Mais tant d’images : celles du cinéma, de la photographie, de la télévision, des bandes dessinées. Convergentes, codées, surcodées. Alors, ne reste plus qu’à détourner les codes, et s’en amuser comme le font les clichés décomposés, recomposés de Christophe Salles […]
Jouer. Avec les éléments de la mise en scène, avec le regard du spectateur, avec les images elles-mêmes. La photographie de Christophe Salles joue et se joue. Dans un ciel d’un bleu immaculé, un building lance ses lignes acérées et c’est le générique de Dallas. Dans un crépuscule glauque, un morceau de parking sur un toit de Manhattan, un grillage distendu, une voiture immobilisée, voici une scène tirée d’un film de Scorcese. Ou encore des tours fumantes qui évoquent le célèbre 11 septembre. C’est que Christophe Salles aime jouer sur ces effets de reconnaissance, ces réminiscences de clichés. Mais qu’on y regarde de plus près […]
Un univers bricolé, des matériaux pauvres, un bric-à-brac d’arrière-cour touché par un rayon de soleil couchant et c’est toute une imagerie de la ville qui, à travers ces photographies, se retrouve mise à distance[…]
Bruno Dubreuil / Galerie Immix-Paris
Yves Allain- Rétrospective
Yves Allain aime à raconter un souvenir de jeunesse : voulant se lancer dans une profession autour de l’image et du cinéma, il prit contact avec une personne d’expérience et l’informa de son désir: entrer dans une école préparant à ces professions. Celui-ci lui répondit : « Faites d’abord votre médecine, vous ferez plaisir à vos parents et ensuite vous pourrez faire du cinéma ou de la photographie » Le jeune homme suivit ce conseil : mais il n’abandonna pas son désir de jeunesse : l’aquarelle, le dessin la photographie, le cinéma furent une vraie passion tout au long de sa vie .