« Imaginez un motel habité par des psychopathes, ses fenêtres ouvertes sur le souvenir, où les personnages sont des comédiens sans théâtre, des citadins sans cité, des orphelins, des esclaves, des exclus, des rejetés, des malades, des assassins, des criminels, des voleurs, des prostitués : des poètes. Edgar descendait chaque matin l’escalier en entonnant des chansons d’amour et ensuite, dans la soirée, il se laissait envahir par la mort. Paulette était une créature délicate, elle aimait coudre et collectionnait les ciseaux. Elle s’est suicidée par un beau jour de printemps, en se pendant à un cèdre. Clarissa a toujours dit qu’elle aurait préféré naître sourde. Elle errait presque nue la nuit, à travers les rues de la ville, à la recherche d’un anneau qu’elle prétendait avoir perdu quand elle était petite fille. Elle travaillait comme prostituée contre un peu de monnaie et même si elle avait été alcoolique et fumeuse depuis l’âge de 13 ans, elle mourut dans son sommeil à 77 ans, sereinement. Personne n’a jamais réussi à convaincre Kate qu’elle n’était pas vraiment un chat. Elle est morte écrasée par une voiture en plein milieu de la journée. L’homme qui conduisait le véhicule incriminé, maintenant un représentant bien connu de l’Association de protection des animaux abandonnés, est marié, a une femme, une maîtresse, trois filles, 66 chats, 5 chiens, et une douzaine d’autruches naines originaires de Patagonie. Marla aimait Edgar qui aimait Trevelyan (que tout le monde appelait The). Elle avait acheté le même masque que son impossible amant pour pouvoir échanger des caresses avec lui mais la réponse de celui-ci s’exprima sous la forme d’une brûlure au quatrième degré, et à partir de ce jour, elle a dit : c’est terminé. » – Francesco Viscuso
Ces histoires et d’autres sont celles que le projet raconte à travers une série de photographies imprimées sur papier et retravaillées, sablées, peintes, déchirées, tordues, collées. Les images, dotées d’une saveur surréaliste et onirique, exposent une critique violente de la société contemporaine qui produit toutes sortes d’aberrations et les folies petites et grandes qui nous travaillent : les abysses de la solitude humaine à l’ère du capitalisme.
EXPOSITION
Carnival Motel
Jusqu’au 28 février 2014
Officine Fotografiche Roma
Via Giuseppe Libetta, 1
00154 Rome
Italie