La Fondation Henri Cartier-Bresson et la Fondation d’Entreprise Hermès présentent jusqu’au 5 janvier 2025 The Inhabitants une exposition de Raymond Meeks.
La Fondation d’entreprise Hermès soutient de manière pérenne les arts visuels, notamment à travers le programme Immersion, une commande photographique franco-américaine. Lancé en 2014, ce programme a pour vocation de soutenir la photographie contemporaine en France et aux États-Unis.
En partenariat avec la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris et l’International Center of Photography à New York, la Fondation d’entreprise Hermès a ainsi imaginé un dispositif de résidences croisées entre la France et les États-Unis pour favoriser la production de séries inédites donnant lieu à des expositions dans ces deux institutions ainsi qu’à des publications dédiées. Sur un principe d’alternance, tour à tour un photographe français séjourne aux États-Unis et un photographe américain effectue sa résidence dans l’Hexagone. Le lauréat, choisi par un jury international d’experts, bénéficie d’une bourse et de l’accompagnement du parrain ou de la marraine de l’édition, professionnel reconnu du monde de la photographie.
Sixième lauréat d’Immersion, l’Américain Raymond Meeks a été accompagné tout au long de sa résidence en France par David Campany, Curator at Large pour l’International Center of Photography (ICP) à New York et parrain de cette édition.
En 2022, Raymond Meeks a passé plusieurs semaines dans la région de Calais et au Pays basque, aux confins de la frontière espagnole, sur les traces des réfugiés qui cherchent à franchir les limites imposées par les hommes. La série « The Inhabitants », en noir et blanc comme en couleur, fait plonger le regard dans des espaces parfois anodins, parfois monumentaux, potentiellement hostiles, entre vastes horizons et vues grillagées. Ce travail prolonge une démarche artistique consacrée à la manière dont l’être humain habite le monde et qui engage le photographe à travailler sur ce qui le relie aux autres.
« [Raymond Meeks] a choisi de ne pas photographier les visages de ceux qui sont partis de chez eux à la recherche d’un avenir meilleur, mais plutôt les lieux et les traces de leur itinérance. Il y a là une chaussure dans la terre, une couverture roulée au sol, une veste accrochée aux branchages. Le photographe s’est particulièrement intéressé aux espaces inhospitaliers que les migrants habitent provisoirement : les fossés, les remblais, les bas-côtés des axes autoroutiers, les bords des rivières, les terrains vagues et autres non-lieux. Même lorsqu’elles ne sont pas directement visibles, les rivières sont particulièrement présentes dans ces images. Comme si le flux de la migration était métaphoriquement représenté par ces cours d’eau. Mais il y a aussi beaucoup d’obstacles — talus pierreux, bloc de béton, enchevêtrement de ronces ou de barbelés — dont on imagine qu’ils ne sont pas grand-chose par rapport à ceux que les réfugiés doivent surmonter au quotidien. Témoignage de cette autre histoire meurtrière que fut la guerre de Cent Ans, Les Bourgeois de Calais, tels qu’ils ont été sculptés par Auguste Rodin, apparaissent aussi dans la série. Le projet est accompagné d’un texte en prose de l’écrivain et poète américain George Weld qui partage avec les photographies de Meeks une semblable approche guidée par la pudeur et l’empathie. » — Clément Chéroux