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Fondation A Stichting : Hans-Peter Feldmann : 100 ans

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Hans Peter Feldmann (1941) est une figure connue dans le monde de l’art international, mais moins en tant que photographe.

La Fondation A présente trois séries de l’artiste, et la partie principale de l’exposition est la série 100 Jahre (100 ans), qu’il a réalisée entre 1994 et 1997. Ici, il s’éloigne de l’image trouvée et photographie sa famille, ses amis, ses connaissances, une personne par année âgée de 8 semaines à 100 ans. Il les photographie dans leur propre environnement, regardant droit dans l’objectif, dans une pose décontractée de leur choix. Catherine Mayeur, commissaire de l’exposition, présente les œuvres dans un ordre chronologique serré. Automatiquement, vous cherchez votre paire, ou vous commencez à chercher l’âge des personnes qui vous entourent. Le concept de Feldmann est à la fois accessible et socialement pertinent. Il est si fort que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’un hommage sans prétention, à petite échelle et contemporain, à l’œuvre d’August Sanders « Menschen der 20. Jahrhunderts ».

En outre, la Fondation A montre All the clothes of a Woman (Tous les vêtements d’une femme) de 1974, un inventaire visuel d’une garde-robe. Les images sont simples, sans décor ni effets de lumière. On se demande inconsciemment si elles n’ont pas été photographiées en été. Mais on finit par comprendre qu’avec le contenu de l’armoire, il représente en fait la femme – et qu’il s’agit peut-être même d’une marque d’affection.

Pour terminer, nous voyons Legs (2008), une collection de jambes de femmes. Des images trouvées, rephotographiées et épinglées au mur dans un collage. Comme il le dit lui-même : s’il fait une telle composition, c’est qu’il y a évidemment un arrière-plan sexuel, et l’ensemble est également thérapeutique pour lui, car – comme il le dit lui-même – tous les artistes n’ont ils pas une case en moins…

Le photographe

Hans Peter Feldmann pourrait être décrit comme un pionnier radical de l’art conceptuel allemand. Il travaille principalement à partir d’objets trouvés et d’images détournées. On pourrait le considérer comme un rejeton du Kapitalistisches Realismus (Réalisme capitaliste – Pop Art allemand) de Gerhard Richter, Sigmar Polke et Konrad Lueg, qui ont introduit l’objet quotidien et l’image imprimée dans l’art. Il y ajoute l’activisme de mai 68 et des réflexions radicales sur la nature, l’étendue et la nature participative de l’art.

Cette affirmation pose déjà quelques difficultés. Feldmann déclare souvent qu’il ne se considère pas comme un artiste et encore moins comme un photographe. Il se présente comme radical, éthique et engagé, il regarde les images et… les dérobe. Il ne se contente pas de se relativiser et de relativiser sa pratique artistique, mais il la regarde aussi avec une bonne dose d’humour absurde : dans « One pound of Strawberries », il fait le portrait « individuel » de chaque fraise.

Son point de vue sur la photographie est tout aussi radical – il observe paradoxalement qu’il y a aujourd’hui plus de photographes que de peintres d’art, et pourtant les images réalisées par les photographes sont moins pertinentes que jamais. Seule une poignée de figures sont dignes d’intérêt. Sander est l’un d’entre eux, les photographes contcemporains essayant simplement d’émuler l’art romantique avec leurs images de grand format.

L’œuvre de Feldmann se divise en deux périodes : la première dure une dizaine d’années et s’achève en 1979, suivie d’une période de silence. Kasper König (1943), conférencier, conservateur et directeur du Ludwig Köln, l’a encouragé à recommencer à créer en 1989.

Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours été un collectionneur obsessionnel d’images : timbres poste, pochettes de vignettes autocollantes, coupures de presse… et il compile des livrets avec ses images « trouvées ». Il les publie à partir de 1968, comme une distribution en peu d’exemplaires de sa vision artistique – ils sont en même temps un reflet de son monde, et donnent au spectateur un aperçu de sa pensée, de ses fantasmes et de ses désirs.

Il préfère se tenir à l’écart des plaisirs artistiques : il ne signe pas ses œuvres et refuse de rédiger un CV. Il soutient que l’art se porterait mieux sans éducation artistique, et qu’il serait certainement plus compréhensible et plus accessible. La volonté de créer est un moteur primordial pour Feldmann, et les panneaux dans les toilettes pour hommes en sont pour lui la meilleure preuve. Dans le même esprit, il expose dans… les toilettes lors du Skulptur Projekte Münster en 2007.

En 2010, il reçoit le prix Hugo Boss pour son œuvre ($100,000), avec une exposition au musée Guggenheim en 2011. Il accepte le prix mais réalise une sculpture avec 100.000 billets d’un dollar dans la salle qui lui est attribuée…

Fondation A

La Fondation A, une association d’utilité publique fondée à l’initiative d’Astrid Ullens de Schooten Whettnall, a ouvert ses portes en octobre 2012. Cette association a pour but de soutenir la création, la recherche, la diffusion et la conservation de l’image photographique. Chaque année, elle organise trois expositions, dont l’une se concentre plus particulièrement sur le travail d’un jeune photographe.

 

Hans-Peter Feldmann – 100 Jahre à la Fondation A Stichting à Bruxelles
Du 20 avril au 2 juillet 2023
Ouvert du mercredi au dimanche de 13h00 à 18h00

Fondation A
Avenue Van Volxem 304
1190 Bruxelles
www.fondationastichting.com

 

John Devos
johndevos.photo (ad) gmail.com

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