« Lorsque Michel Legrand est mort le 26 janvier dernier, tous ont reconnu en lui un musicien et compositeur de grand talent, pourtant son palmarès est édifiant : il a reçu trois Oscars mais aucun César. Le monde de la photographie ne déroge pas à ce qui semble être une règle en France, particulièrement à Paris, car on ne peut que constater le manque de soutien des institutions nationales, et plus généralement des acteurs culturels, envers les photographes français contemporains. Seules des figures historiques et des auteurs déjà “institutionnalisés” comme Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Sabine Weiss, Gilles Caron ou encore Raymond Depardon y ont droit de cité. Bien rares, en effet sont les lieux dédiés à la photographie à jouer le jeu, à part Jean-Luc Monterosso à l’époque de son mandat à la Maison européenne de la Photographie ou, en dehors de Paris, des institutions et festivals comme les Rencontres d’Arles. Mises à part ces exceptions, les talents français contemporains sont rarement mis en avant dans la presse – en dehors des journaux spécialisés – et dans la programmation des Jeu de Paume, Le Bal et autres Centre Georges Pompidou. Ce manque d’enthousiasme est surtout flagrant quand il s’agit de défendre les artistes français à l’international, ce que d’autres pays n’hésitent pas à faire pour les leurs.
Pourquoi un tel manque de soutien ?
Les institutions nationales considèrent-elles que ce n’est pas leur rôle ? Est-ce parce qu’un artiste issu de l’environnement local manque de mystère et d’exotisme ? Est-ce par snobisme ?
C’est le syndrome Michel Legrand. Comme lui par le passé, les artistes photographes français – Valérie Belin, Stéphane Couturier, Antoine d’Agata, Luc Delahaye, Véronique Ellena, Mathieu Pernot… – ne sont pas assez reconnus par notre scène culturelle ! Dans ce microcosme convenu et figé qui, maintenant, va avoir le courage de casser les codes ? »
Florence et Damien Bachelot