Flore Tricotelle – À mon corps

Quelle place ont nos corps dans un monde inondé d’images de femmes et d’hommes aux mensurations de plus en plus standardisées et normées ? Flore Tricotelle s’éloigne volontairement des représentations hyper-sexualisées des corps qui investissent de plus en plus notre espace visuel contemporain. Elle joue de la limite entre féminin et masculin, seul compte le corps, peu importe le genre. Elle choisit l’utilisation du procédé de tirage instantané, garant d’une image originale unique et d’un rapport intime et physique avec la représentation du corps.

‘Nourrie par la représentation féminine dans la peinture à travers les siècles, et particulièrement celle du 19ème siècle, j’éprouve dans un premier temps le besoin de travailler sur ma propre image, et je réalise une série de vingt autoportraits, nue, de dos, tel qu’il est, sans artifice, juste un corps.
Puis, ma réflexion s’étend au-delà de mon corps, à d’autres corps. Je photographe ainsi plus de 70 personnes, hommes, femmes, de tous les âges, de tous les corps, individuellement et en couple. En rassemblant les images en plusieurs séries, s’installe progressivement un dialogue entre les corps. Chaque corps révèle alors sa différence, sa singularité, et en même temps, petit à petit ces différences s’estompent, disparaissent, ce ne sont plus ‘‘des’’ corps, mais un seul corps, pour lequel toute tentative de comparaison et toute volonté de norme n’a pour moi plus aucun sens.

En plus de ces trois séries individuelles, je fais poser également des couples, dans une pose simple, de dos, côte à côte, afin de voir comment ce dialogue des corps opère entre deux personnes partageant une même intimité.

Après avoir suivi un cours préparatoire au concours des grandes écoles d’art puis les cours de l’École Nationale des Beaux-Arts de Lyon, je me dirige très rapidement vers la photographie.
Ma rencontre avec Dominique Sudre, mon professeur à l’école de photographie Atelier Magenta à Villeurbanne, est déterminante. Il me prodigue un enseignement traditionnel de la photographie, des techniques de tirage argentique noir et blanc et des procédés anciens du XIXème, et il me transmet passion et exigence du médium photographique. C’est au cours de cette formation que je décide de me consacrer entièrement à la photographie.

Je m’installe ensuite à Paris, où je travaille plusieurs années dans un laboratoire photographique professionnel.
En 2010, j’ouvre un atelier d’impression d’art où je collabore avec de nombreux photographes professionnels et artistes pour la réalisation de leurs tirages d’exposition et de collection. En 2013, je décide d’arrêter mon activité de tirage afin de pouvoir me recentrer sur mon travail personnel de photographe.
Aujourd’hui, installée à Poitiers, je travaille à l’École Européenne Supérieure de l’Image où j’accompagne des étudiants d’un point de vue technique sur leurs projets en parallèle à mon travail personnel.