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Fleuve Congo –Cédric Gerbehaye

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Après l’Amazone, le fleuve Congo est le plus vaste du monde. Majestueux, il est également l’épine dorsale du pays auquel il a donné son nom, le trait d’union entre les mines du Katanga, les forêts de l’Équateur et la capitale Kinshasa. Son rôle en tant que voie navigable vers l’intérieur des terres s’est avéré décisif durant la colonisation. Il est le seul axe de communication pour traverser le pays depuis l’Est swahiliphone jusqu’à l’Ouest, où le Iingala, tout comme la colonisation belge, se sont développés le long de ses rives. Il n’est navigable qu’entre Kisangani et Kinshasa, sur les 1 700 km qui séparent les chutes Stanley du Pool, le bassin avant les rapides infranchissables en aval de la capitale.
Le fleuve ressemble ainsi à une veine gonflée au coeur de l’Afrique, ligaturée en haut et en bas. Dans le vacarme mêlant les cris stridents sur la rive à la basse grondeuse de son diesel, le Kotakoli quitte Kisangani en envoyant des panaches de fumée noire au ciel. Le “pousseur”, mis en service en 1976, est l’aiguillage motorisé d’un gigantesque plateau sur l’eau, huit barges arrimées deux par deux, qu’il oriente devant lui avec le soin précautionneux d’un vendeur encombré d’un éventaire.
Le tout fait environ 30 mètres de large et 200 mètres de long. Avec plus de 5 000 tonnes de cargaison, il s’agit du plus important convoi de marchandises parcourant le fleuve une seule fois par an alors que dix voyages sont normalement prévus à l’année. C’est un tapis flottant sur lequel une main de titan semble avoir déposé un capharnaüm tenant à la fois d’un entrepôt industriel, d’un marché animé et d’un camp de réfugiés bâché. Les passagers – autour de quatre cents au départ – y circulent comme des fourmis, en se suivant à la queue leu leu sur les sentiers glissants que sont les plats-bords des barges.
Il y a un demi-siècle, l’aller-retour entre Kisangani et Kinshasa prenait vingt jours. Aujourd’hui, suite à la faillite de l’Onatra (l’Office National des Transports), mais aussi à cause de la corruption et des “tracasseries administratives”, le roi des pousseurs met deux mois et demi pour traverser le pays.
Cédric Gerbehaye

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