Ah, il manquait ce magazine de jeunes sur la photographie ! Toutes les formes d’art grand public, musique et cinéma en tête, les ont, ces magazines qui peuvent clamer en toute candeur, comme le bimestriel Fisheye : « Fisheye est un magazine de photo qui parle de société. Fisheye est un magazine de société qui parle de photo. Fisheye est un magazine spécialisé mais pas un magazine de spécialistes. »
Le fait qu’il existe aujourd’hui pour la photographie finit de confirmer l’accession de cette forme d’expression au rang de média populaire, assez répandue pour structurer des communautés. Jusqu’à aujourd’hui les périodiques photographiques se réservaient à un cercle de passionnés, esthètes érudits, ou fin sémiologues. Avec Fisheye – dont le nom est celui d’un type d’objectif très grand angle, qui déforme l’image comme un judas de porte, très utilisé dans l’imagerie de sports extrêmes et de la street culture notamment – une « nouvelle génération » de lecteurs, plus fraiche, plus instinctive (du moins, on imagine que c’est le pari de la revue) découvrent des destins, des territoires et des créations à travers le prisme de la photographie.
Avec les risques que comporte un tel défi. Plein d’allant et d’envie, de contributeurs photo renommés, doté d’une maquette claire et sobre, le bimestriel qui fête son troisième numéro semble déjà remplir un premier objectif : ne pas être trop verbeux. Mais on lui souhaitera aussi d’acérer ses choix photographiques, d’oser des images fortes, de vrais sujets et des écritures personnelles, en clair de ne pas se dissoudre dans l’objectif du « grand public » pour porter avec le même entrain images puissantes, cabossées, sensuelles, brutes, d’oser une parole libre aussi, qui se permet d’égratigner les icônes ou les sujets rebattus comme les journalistes musique et cinéma sont habitués à le faire puis longtemps mais comme c’est encore trop rare dans le monde de l’image.
Haut les coeurs Fisheye !
4,9 € – Bimestriel
Plus d’informations sur Fisheye Magazine :
http://www.fisheyemagazine.fr