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Festival Photo de Yangon 2016 : Deux premières mondiales


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Pour sa huitième édition, le Festival Photo de Yangon, l’ex Rangoon, a frappé très fort en présentant deux premières mondiales : les photos du World Press 2016 présentées sur écran géant en présence du Président de la Fondation du World Press, M. Oswald Schwirtz, et l’exposition anniversaire des 50 ans de l’Agence Gamma que j’ai eu l’honneur d’ouvrir en présence de notre ambassadeur, M. Olivier Richard.

Face à l’exposition Gamma, présentées sur la pelouse et sous les palmiers de l’Institut Français, les panneaux du World Press offrant aux visiteurs du Festival 140 photos des vainqueurs 2015 dont c’était l’ultime présentation sur les 90 expositions qui ont parcouru le monde depuis avril dernier. Exceptionnellement, le World Press Photo avait accepté que les tirages soient effectués sur place, dans un laboratoire de Yangon, et je dois dire que le résultat a été excellent. Cela donnera peut être
une idée au WPP de pouvoir être présent dans des pays qui ne peuvent pas s’offrir le coût d’une location et de son transport de ses expositions, comme ce fut le cas, ici, pour le Myanmar.
L’exposition Gamma a eu un bon retentissement dans ce pays en guerre depuis…1941. Les photos chocs de Gilles Caron, de Michel Laurent, de Salgado, de Noël Quidu, de François Demulder, de Laurent van Der Stock, de François Lochon ont été perçues comme elle le méritent. Cinquante photo pour résumer 50 ans, enfin presque car en réalité, depuis la malheureuse gestion de l’agence par ses directeurs successifs, ce sont plutôt les 40 premières années de l’Agence qui ont été résumées. Mais cela n’enlève rien à la qualité des documents présentés.
Le groupe Gamma-Rapho était aussi représenté par Hans Silvester qui exposait à l’Institut Goethe de la ville sa Symphonie Africaine avec ses magnifiques photographies de la Vallée de l’Omo en Ethiopie, avec ses africains dont le corps s’ornent de courbes, de cercles, de dessins colorés que l’appareil de Hans a su si bien capturer. Hans devait présider le jury qui lors de la dernière soirée devait attribuer les prix aux meilleurs espoirs birmans dont les œuvres ont été projetées dans les jardins de l’Institut Français devant une foule compacte de 1500 birmans et expats.

Dans plusieurs galeries de la ville, comme dans les jardins de l’Institut que préside depuis deux ans Charles Bonhomme entouré d’une équipe de jeunes filles et garçons français, le directeur et fondateur du Festival Christophe Loviny avait sélectionné plusieurs dizaines de reportages réalisés par la génération nouvelle des photojournalistes birmans offert au public soit sous forme d’exposition soit sous forme de projection. Ce qui est remarquable et tout à fait inédit, c’est que ces reportages sont produits au cours des master class donnés par l’association du Yangon Photo Festival. Cette année ce sont 60 reportages qui ont été réalisés grâce à l’aide des sponsors locaux dont Canon, BMW et le groupe Shwe Taung. 

En parcourant ces expositions, on a très vite ressenti que ces photographes pouvaient désormais exprimer tout leur talent sans censure, sans restriction, avec une liberté objective depuis que Mme. Aung San Suu Kyi a pris les rênes de ce pays cher à George Orwell mais qui n’a jamais connu de répit avec les différents groupes armés qui s’opposent encore à l’armée birmane dans de nombreuses régions fermées aux touristes, mais dans lesquelles se risquent de courageux photographes birmans, comme les frères Hkun, Minzayar Oo, ou encore Soe Zeya Tun auteur d’une étonnante photo de soldats bastonnant un étudiant et qui aurait du recevoir un World Press tant les expressions de chacun des hommes en action sont parlantes.

L’une des soirées débat était d’ailleurs consacrée à la situation des reporters face aux conflits. En présence de plusieurs birmans ayant pris des risques lors de reportages dans les zones des minorités ethniques. Comme J. Paing, Lynn Bo Bo et Soe Zeya, pris en embuscade. Ou ce photographe « sans nom » qui a réussi à s’immiscer dans cette école de guerre réservée aux moins de 12 ans où ces enfants guerriers apprennent l’art de se battre les armes à la main, et où la discipline n’a rien à envier à celle des écoles de l’Etat Islamique.

L’objectif de Christophe Loviny, lorsqu’il est arrivé à Yangon en provenance de Angkor où il avait participé à la création du Festival Photo, était non seulement d’y lancer un événement annuel, mais de former des photographes. En 8 ans, ce sont près de 500 jeunes birmans qui ont pu participer à des ateliers photo d’abord dans l’enceinte de l’Institut Français puis dans les régions les plus reculées du pays. La transition gouvernementale, les guérillas, les aspects typiques de la vie en Birmanie, les chercheurs de rubis ou de jade, les éléphants sont autant de thèmes retenus par cette nouvelle génération de photographes dont le talent peut désormais s’exprimer sans restriction et avec une qualité professionnelle qui n’a plus rien à envier à celle de leurs confrères occidentaux. Pour un pays comme la Birmanie, c’est un fait tout à fait étonnant lorsque l’on devine combien il fut difficile d’y sortir un appareil de photo sous la junte militaire de 1988 à 2011.

Hkun Latt, de la minorité Kachin du Nord, n’a que 19 ans et a été très vite engagé par Associated Press à la suite de son expo de l’an dernier. Soe Zeya Tun travaille désormais pour Reuters. Il n’est pas impossible qu’un World Press leur soit attribué dans un futur proche.

L’Oeil de la photographie diffusera cette semaine les projections des prix comme si vous aviez participé à la nuit du Yangon Photo Festival. Avec les légendes en anglais et en birman. Une plongée dans une Birmanie inconnue loin des sites touristiques.

INFORMATIONS
8ème Festival Photo de Yangon
Du 12 au 31 mars 2016
340, Pyay Road, Sanchaung Township
Yangon, Myanmar
http://www.yangonphoto.com
http://www.facebook.com/yangonphotofestival

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