Présentée aux lectures de portfolios du festival photo de Łódź en Pologne, la série de ce jeune photographe de 25 ans interroge les stéréotypes sociaux et montre qu’une sous- culture constitue un lien transversal entre les habitants d’un pays.
Depuis quelques années est mesuré dans l’Union européenne le « degré d’urbanisation » d’un lieu. Cette classification nommée « Degurba » peut être vue comme une étiquette négative appliquée aux territoires les moins peuplés ou les plus isolés des modes de vie urbains, pour celles et ceux qui restent en marge d’une économie et d’une société très tournée vers la mondialisation et la facilité du voyage.
C’est avec beaucoup de questionnement devant cet étiquetage politique que Filip Piotrowicz est allé interroger les habitants d’une zone dite « 3 », c’est-à-dire rurale et isolée des grandes régions urbaines. Il souhaitait voir si cette apparente stigmatisation avait des conséquences réelles et s’il y avait une autre culture là-bas. Lui qui connaît bien le skateboard s’est en fait rendu compte que la communauté des skaters de ce coin de Pologne était comme celle des grandes villes.
Ainsi, dans ce projet qui est encore en chantier et n’a pas trouvé sa forme définitive, le photographe creuse cette piste d’une contre-culture qui fait fi de toute étiquette et de toute identité préétablie. La force de son questionnement est d’aller pointer la dimension politique d’un groupe d’adolescents qui se retrouvent d’abord pour le plaisir d’un sport de glisse. Le terrain de l’invention de nouvelles relations sociales dépassant toute vision technocratique et abstraite, redonnant un visage humain menacé parfois par l’appareil politique.
Jean-Baptiste Gauvin