À l’occasion du festival photo de Łódź en Pologne, les lectures de portfolios ont permis de révéler la scène peu connue de la jeune photographie polonaise. Parmi eux, le photographe Bart Krezolek qui explore les atmosphères étranges et irréelles de nos paradis perdus.
Le projet prend place à Cracovie, ville natale du photographe. À seulement trois kilomètres de la place du marché, Bart Krezolek découvre une zone abandonnée en pleine ville, d’anciens jardins familiaux délaissés suite à la vente du terrain à des promoteurs immobiliers. Cette enclave de verdure abritait différentes espèces végétales et quelques animaux sauvages. Elle était vue par les habitants du quartier comme les “jardins du paradis”. Durant les trois ans que dure son abandon, certains jardiniers audacieux tentent de reprendre possession des lieux et de lui redonner vie en construisant des édifices étranges.
À sa façon, Bart Krezolek va aussi tenter de s’approprier cet écrin de nature, voué à disparaître. Durant plusieurs mois, il se rend sur place à la tombée de la nuit et photographie au flash chaque recoin, fasciné par la manière dont la nature reprend ses droits. Dans ce jardin abandonné jonché de détritus, le laid se mêle au beau, créant des tableaux à la beauté inquiétante. Comme cette chaussure de sport recouverte d’une mousse verte électrique ou ce trio d’arbres morts immortalisés devant un ciel crépusculaire d’un violet flamboyant.
« Je photographiais cette zone comme une sorte de représentation visuelle de ce à quoi peut ressembler un paysage post-humain », raconte Bart Krezolek. Une thématique chère au photographe qui aime imaginer dans ses photographies ce à quoi pourrait ressembler le monde de demain si l’on n’en prend pas soin. Une réflexion écologique portée par un regard acide et tendre.
Coline Olsina
Coline Olsina est historienne de la photographie et journaliste.