« J’avais posé le monde sur la table », l’aveu est de René Daumal, n’est pas un catalogue de photographies mais un appel à divaguer sur la terre, une invitation à découvrir les mondes de Rondeau. Ici, l’histoire culbute la géographie, les événements s’incrustent dans les paysages, mais les images de Rondeau sont intemporelles. (…) À quoi reconnaît-on un artiste ? À son monde bien sûr qui ne ressemble à aucun autre, immédiatement identifiable, à la façon dont il impose son imaginaire dans une lutte aussi intense que celle de Jacob avec l’ange. J’ai toujours été sidéré par la force de création de Rondeau. Et pourtant il ne travaille qu’à contre-ciel, dans la légèreté, la discrétion, même dans les villes en guerre comme Sarajevo. Physiquement, il ressemble à un grand oiseau, moralement il est un être audacieux, secret, lui qui révèle pourtant l’essence d’un paysage ou d’un portrait, la tragédie ou le cri d’une situation. Il photographie les écrivains en écrivain, les peintres en peintre, les pays en géographe. Il court vers tous les continents, (…). Il est toujours en effervescence, en mouvement, attrape ses sujets au vol, presque par effraction. Il glisse sur la vague. Est-il figuratif, surréaliste, abstrait ? Il traverse autant de métamorphoses que l’eau et ses reflets, Rondeau photographie comme un esprit à nos trousses.
Olivier Frébourg – écrivain, éditeur
EXPOSITION
J’avais posé le monde sur la table
Gérard Rondeau
Du 1er au 18 septembre 2016
Château de Laréole
31480 Laréole
France
http://www.map-photo.fr
http://www.gerardrondeau.com