Avec une ouverture haute en couleurs qui s’est déroulée en extérieur, le festival photo Head On a attiré des centaines de passionnés venus découvrir sa scène qui se renouvelle chaque année. Le programme 2017 présente un mélange éclectique de genres, composé d’œuvres signées par des artistes confirmés et émergeants d’Australie et du monde entier. Le résultat démantèle toutes les idées préconçues que l’on se fait de la photographie.
Une fois encore, le festival rassemble des icônes du genre. Photojournaliste américaine, Maggie Steber est célèbre pour ses essais de longue haleine sur Haïti ainsi que ses travaux réalisés pour National Geographic. Avec The Secret Garden of Lily LaPalma, elle nous plonge au cœur d’un récit très personnel tissé de fantastique. Natan Dvir, photographe israélien basé à New York, expose pour la première fois sa série Platforms, une dissertation visuelle sur le manque de contact humain à New York, les quais de métro de la cité servant d’appui métaphorique. Quant à Markus Klinko, il a choisi pour l’occasion sa merveilleuse collection Bowie Unseen.
Parmi les artistes australiens renommés se trouvent par exemple le photographe primé Michael Amendolia, qui expose 25 ans d’œuvres réalisées sous l’égide de la Fred Hollows Foundation. Ses photographies sont vouées au travail extraordinaire de ce chirurgien précurseur, qui a redonné la vue à d’innombrables habitants du Tiers Monde. Désormais basé au Canada et plus connu comme photojournaliste, Tim Georgeson dévoile Oracles, une série en noir et blanc composée d’images irréelles d’une beauté captivante. Brian Cassey, également photojournaliste, réside dans le nord du Queensland et nous livre des œuvres réalisées sur plusieurs décennies et tirées de son ouvrage A Photographer’s Life – Part One.
Tirons notre chapeau aux directeurs du festival Moshe Rosenzveig et Anita Shwartz qui, assistés de leurs équipes infatigables, ont mis au point ce programme exceptionnel. Tous les ans, le festival est contraint de faire des pieds et des mains pour obtenir des subventions, ce qui est tout à fait ridicule, au vu de son importance sur le calendrier culturel local, son pouvoir d’attraction et son renom international. C’est malheureusement chose courante pour les arts dans notre pays. J’espère qu’un jour on accordera plusieurs années de financement à Head On et que, Moshe et ses collaborateurs, ne seront plus obligés de s’épuiser pour justifier continuellement de leur existence. Malgré les difficultés que traversent les arts visuels et en particulier la photographie, Head On demeure un festival crucial et passionnant, qui éclaire et encourage la multiplicité de cette discipline.
Comme je l’ai déclaré à l’occasion du débat sur le photojournalisme, la photographie accomplit au moins une chose : elle déclenche les conversations. J’ai participé à de nombreuses conversations extraordinaires cette année, et je suis heureuse de voir tant de personnes, issues d’horizons si différents, venues se confronter aux œuvres, aux conférences des artistes et aux ateliers.
Si vous avez raté le week-end d’ouverture, pas d’inquiétude : le festival dure jusqu’au 28 mai.
Alison Stieven-Taylor
Installée à Melbourne en Australie, l’auteure Alison Stieven-Taylor est spécialiste de la photographie.