C’est à l’autre bout de la Chine, au sud du Yunnan, sur les rives d’un Mékong qui y termine son périple chinois, que vient de se tenir le Festival de la photo de Xishuangbanna, sur le thème des fleuves.
Le jury que je présidais a choisi le reportage que Suthep Kritsanavarin avait réalisé sur les pêcheurs des rapides du Mékong. Un reportage spectaculaire qui a remporté l’unanimité du jury. Parmi les invités de ce Festival, Yann Layma et Patrick Zachmann qui présentait chacun une exposition, le premier sur les rizières en escalier, le second sur les publicités promettant des immeubles chantiers dans différentes villes de Chine. Christophe Loviny, directeur du nouveau Festival photo de Rangoon, était également venu pour signer un accord d’échanges entre les deux festivals.
La ville de Xishuangbanna est très peu connue des circuits touristiques. Grave erreur, car la ville vit au rythme de la thaïlande, tant par son architecture, que par ses habitants, les Daïs, et son explosion de végétation tropicale. Alors que Pékin grelotte, ici la température avoisine les 30 degrés.
C’est dans ce cadre pittoresque, sur les bords du Mékong, que le Festival des Arts et de la Photographie s’est tenu pour la seconde année consécutive. Le Palais des expositions était en fait le sous sol d’un gigantesque temple thaï dont la construction était à peine terminée, et quelques villas de ce nouveau complexe citadin avec en prime le fleuve à ses pieds.
110 expositions en majorité chinoises, ont été vues par des milliers de citadins et paysans en costume daï. Plusieurs photographes vietnamiens ont montré leurs œuvres, dont notamment Hoang The Nhiem qui a une vision très personnelle de son pays. J’ai beaucoup aimé aussi les tirages que Lei Weijun a consacré à la dure vie des travailleurs de la mine. Il a choisi un procédé qui atténue ses couleurs en les « sépiasant »…Le jury chinois ne m’a pas suivi sur mes choix. Le photographe chinois Xiao XuanAn, qui a eu le Premier prix réservé à ses compatriotes , a réalisé un très beau travail sur une grotte renfermant des chefs d’œuvre artistiques bouddhistes et qui a disparu sous les eaux du barrage des 3 Gorges. Il a passé plusieurs années pour montrer que le niveau d’eau avait patiemment inondé les Bouddhas, bien que la grotte se trouvait à près de 75 mètres des eaux d’origine.
J’ai remarqué également le reportage de Xu JinYan, sur le sel tibétain récolté dans la vallée du Mékong par des paysans convertis au catholicisme au 19ème siècle. Des caravanes de mulets exportent le sel vers le Yunnan ou Lhassa.
Un certain nombre de photographes chinois vont émerger de ce Festival sans prétention, mais qui voudrait s’imposer dans les années futures comme un modeste Pingyao des Tropiques..
Le directeur artitisque de Pingyao faisait d’ailleurs parti du jury.
Trois autres Français exposaient à Xishuangbanna : Daniel Riffet, Patrick Blanche et Serge Giraud tous les trois distribués par thereportage.com.
Floris de Bonneville
