Regarder au plus profond de soi. Chercher les profondeurs. Toucher avec l’œil. Regarder avec la main.
Quand nous partons loin, vers l’inconnu, ce que nous laissons part d’une certaine manière avec nous. Dans un premier temps, notre but est de sortir, de voir ailleurs, de découvrir l’autre. Puis au fur et à mesure nous nous rendons à l’évidence que nous sommes seuls, plus que jamais. Cette solitude nous remplit de ce à quoi l’on voudrait échapper. C’est étrange. Fascinante et éprouvante, cette expérience nous amène à découvrir moins l’autre que nous-mêmes.
Ce projet a était réalisé en deux partis. Pour la première partie, je me suis inspiré des mes mémoires d’enfance. Elle est composée ainsi d’un registre d’une expérience sensorielle, où j’ai proposé au personnage une expérience à travers le toucher, ou plus précisément les caresses. Il s’agit d’un travail d’observation, de prise sur le vif de ces gestes. Mais aussi un travail d’identification et de reconnaissance, où je cherche, par l’acte photographique, à découvrir dans l’autre les effets ressentis de cette expérience intime.
Pour la deuxième partie, j’ai travaillé avec une sélection d’images qui constitueraient mes archives. Il s’agit d ‘un travail de recueil en deux sens. D’abord elles ont été prises en gros plan, comme des morceaux choisis, à des moments et endroits distincts, au Brésil, en Italie et en France. Respectivement, le pays où je suis née, le pays de mes origines et le pays où j’habite. Ensuite, j’essaye de les réunir au corps et les faire dialoguer avec lui. Finalement, la phrase écrite est un plongeon dans les eaux profondes de l’inconscient. Elle évoque une pensée imagétique, une sorte de rêverie autrefois refusée qui est maintenant mise en valeur par un acte de récupération et d’enregistrement.
Fernanda Tafner