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Ferdinando Scianna, Istanti di Luoghi

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Ferdinando Scianna ne s’est jamais considéré comme un pur photographe de paysage ou de portrait, ni comme un artiste, un photographe de mode ou un photojournaliste, malgré son affiliation à l’agence de photographie Magnum depuis 1982 (il a été le premier Italien à en faire partie).

Pourtant, les paysages sont à l’honneur à Spazio Meravigli à Milan ; c’est un récit en noir et blanc qui transmet des émotions grâce aux images rapportées d’un peu partout dans le monde : de la Sicile à la Côte d’Ivoire, de Val Padana à l’Amérique du Sud en passant par la Russie. Istanti di luoghi, c’est une exposition, mais aussi un livre, et c’est en tout cas le résultat d’une sélection parmi l’immense production photographique de Ferdinando Scianna, où le paysage est une présence constante depuis le début de sa carrière. Contrairement à ses derniers livres, Istanti di luoghi (publié par Contrasto) est une histoire dont la narration est confiée aux images uniquement, à l’exception d’une épigraphe de l’écrivain sicilien Leonardo Sciascia : « Ce ne ricorderemo di questo pianeta » (nous nous souviendrons de cette planète).

« La photographie est à la fois histoire et mémoire, » dit Scianna, suggérant « d’observer chaque photo, n’importe laquelle, comme si elle était collée dans l’album familial, parce que chacune est porteuse d’émotions, de souvenirs et de conscience, y compris celles qui composent Istanti di luoghi. Le livre/exposition rassemble des images que Ferdinando a rassemblées pendant des décennies, observant le monde à travers son objectif dans le but de le raconter et de le vivre.

« Il n’y a pas de lieux en lien avec l’actualité dans mes photos de paysages : je parcours le monde pour prendre des photos et parfois je trouve un endroit particulier. Observer le monde, c’est le but du photographe. Cela suppose de prendre part à la réalité et d’en être conscient, j’ai envie de dire. C’est à croire que j’ai rencontré tous ces paysages alors que j’étais occupé à autre chose : je ne les cherchais pas spécialement. Même si de temps en temps un endroit ou une personne exigeait que je les prenne en photo, » ajoute Scianna. Et à cet instant, ils partagent leur temps avec celui du photographe.

« J’ai toujours eu la conviction que je prenais des photos parce que le monde était là, et non que le monde était là pour que je prenne des photos. J’ai simplement trouvé ces endroits (certains sont peut-être plus chargés émotionnellement que d’autres). Je suis tombé dessus, je les ai photographiés, puis j’ai fait une sélection parmi les nombreuses images que ces lieux m’ont offertes », explique Ferdinando.

Ce ne sont ni des monuments ni des sites touristiques. Ces paysages reflètent plutôt une symbiose avec le photographe, qu’il s’agisse d’un désert, d’un bord de mer ou de la ligne d’horizon d’une grande ville.

« S’agit-il de recoins de l’âme ? Peut-être bien. Certaines formes hexagonales dans un lac de sel m’ont fait penser aux motifs des couvertures en crochet que faisait ma mère. Mes photos sont pleines d’émotions, mais pas sentimentales, politiques, mais pas revendicatrices. J’aime le monde, la vie et les gens. Je les prends en photo pour faire leur connaissance, pour mieux me connaître, pour exprimer des sentiments et des émotions présents autour de moi, pour en garder une trace visuelle. La photographie n’a assurément jamais cessé de m’émouvoir. C’est bien plus qu’un métier, c’est aussi ma vie. Le médium photographique nous laisse des souvenirs tangibles. Je crois que concevoir et faire des livres était le principal but de mes prises de vue. J’essaie de résumer ce que j’ai vécu dans un livre, j’essaie de communiquer ma passion pour la réalité et la vie. Une exposition peut être vue comme le prolongement d’un livre, car les livres sont des expositions mêlées à l’imagination de l’auteur », explique Scianna.

L’exposition à Forma Meravigli (une initiative de la Fondazione Forma per la Fotografia, en collaboration avec Camera di Commercio di Milano et Contrasto) est par ailleurs accompagnée de Portrait d’un auteur en 16 livres publiés (et quelques autres jamais finalisés), un espace dédié aux livres de Ferdinando Scianna, comprenant aussi les maquettes de certains ouvrages que Ferdinando a réalisée juste pour lui-même. L’exposition a lieu dans le cadre de la douzième édition du festival de photographie de Milan, manifestation annuelle consacrée à la photographie d’art et constituée de diverses expositions disséminées dans toute l’agglomération.

Paola Sammartano

Paola Sammartano est une journaliste spécialiste des arts et de la photographie basée à Milan en Italie.

 

Ferdinando Scianna, Istanti di Luoghi
Du 20 avril au 30 juillet 2017
Forma Meravigli Gallery
Via Meravigli 5
Milan 20123
Italie

http://www.formafoto.it/

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