Fatma Fahmy, photographe documentaire égyptienne, née en 1991 et vivant au Caire a été sélectionnée par un jury international pour recevoir le 1er Daniele Tamagni Grant. Le portfolio de Fatma Fahmy a été choisi parmi plus de 100 dossiers, de 25 pays, ce qui souligne l’intérêt de la profession pour ce Prix qui récompense son lauréat avec une bourse d’un an au Market Photo Workshop, Johannesburgh, Afrique du Sud.
Le jury international commente son choix : « Nous avons été impressionnés par la force de narration du travail de Fatma, par ses images riches en poésie, porteuses de valeurs humaines et empreintes de nostalgie. Fatma se concentre sur les sociétés et les communautés qui préservent leurs traditions, leurs racines et crée des images qui amplifient ces liens avec le passé tout en mettant en lumière certains aspects de la vie de tous les jours ». Giordano Tamagni, président du jury, ajoute : « son projet, cohérent avec l’esprit de cette initiative est profondément relié à l’univers artistique de Daniele ».
Lekgetho Makola, directeur de Market Photo Workshop, voit en Fatma « le profil idéal pour cette bourse, conçue pour mettre en lumière la culture africaine, sa créativité et son esthétique visuelle, à travers une exploration détaillée du médium photographique ». Le sujet lauréat, Once There Was a Tram (Il était une fois un tramway) est consacré au réseau de tramways d’Alexandrie, datant du 19e siècle.
Fatma Fahmy explique ainsi son projet : « …J’ai décidé d’entrer dans ce tramway pour explorer cet univers intérieur, ce monde singulier en pensant qu’il était peut-être le reflet de l’extérieur. En effet, les histoires des voyageurs, leurs vies quotidiennes se laissent deviner dans chacun de leurs regards, de leurs gestes ou de leurs expressions. Tout-à-coup, la lumière pénètre dans le tram et tombe sur les gens, comme un faisceau d’espoir à travers la morosité de leur vie quotidienne. En sentant pulser le rythme de la vie, je capte aussi les ondes de pression extérieures qui s’exercent sur tous. Je perçois le degré d’intensité que chacun met dans sa journée. Chaque voyageur entrant ou sortant du tram apporte son histoire ou repart avec. La vie est retransmise en direct. Alors que ces gens se rendent à leur destination en se questionnant sur leur sort, je me pose toujours la même question : combien de temps cette « boîte » résistera-t-elle aux changements du monde extérieur ? ».
Fatma souligne combien il est difficile d’être photographe, et qui plus est, une femme photographe dans une société mono vision où les choses sont perçues à travers une perspective unique, et ce sans même sans parler de l’appareil photo qui, lui, est systématiquement vu comme « Big Brother ». En dépit de la dure réalité de violence et de discrimination, qu’elle photographie, Fatma à travers sa narration photographique, saisit toujours l’importance de ces moments de la vie quotidienne où les gens sont pleinement dignes et eux-mêmes.
Concernant le Jury
Martina Bagicalupo (Paris), photographe, directrice photo 6Mois Ekow Eshun (Londres), écrivain, curateur, rédacteur-en-chef de Tank Magazine Lekgetho Makola (Johannesburg), directeur du Market Photo Workshop Neo Ntsoma (Johannesburg), photojournaliste Sara Sozzani Maino (Milan), journaliste au Vogue Italia, directrice de Vogue Talents Brian Wallis (New York), auteur, curateur de Walther Collection Hannah Watson (Londres), éditrice, Trolley Books.
Concernant Daniele Tamagny (Italie , 1975-2017) Né à Milan, Daniele est diplômé en Histoire de l’Art. En 2007, alors qu’il reçoit le Canon Young Photographer Award, sa passion pour la photographie prend une dimension professionnelle. En 2010 il gagne le ICP Infinity Award, qui sera suivi en 2011 du World Press Photo Award. Les prix et les nombreuses publications obtenues par Daniele, malgré une grave maladie qui a poursuivi le photographe pendant ses 4 dernières années, montrent la reconnaissance de son travail par la profession. Talentueux, porté par une inspiration singulière, de vastes connaissances en histoire de l’art et une passion pour la mode, Daniele TamagnI est aujourd’hui devenu une référence pour les jeunes générations qui partagent ses valeurs, partout dans le monde.
FATMA FAHMY
Photographe documentaire, Fatma Fahmy, née en 1991 à Riyadh, Arabie Saoudite est une photographe du réel. Basée au Caire, son sujet de prédilection est la vie quotidienne qui l’entoure, qu’il s’agisse d’Egyptiens ou de non-Egyptiens. Frappée par la volonté de ces sociétés de préserver leur ancrage historique et leurs racines traditionnelles, la photographe amplifie encore ces liens avec le passé à l’aide de son objectif. En utilisant ainsi l’ethnographie comme méthode de narration visuelle, Fatma crée une image calquée sur la mémoire du lieu et de ses habitants. Nominée en 2018 pour la masterclass du World Press Photo Joop Swart, Fatma Fahmy a vu son travail présenté dans différentes expositions internationales comme par exemple au Xposure International Photography Festival aux Emirats Arabes Unis, ou à la Photographic Angel Exhibition au Royaume-Uni. Depuis peu, Fatma collabore très régulièrement avec le Everyday Africa & Everyday Egypt.