Ça y est ! Le 4 octobre dernier, Mark Zuckerberg, fondateur du site Facebook crée en 2004, l’a annoncé fièrement : nous sommes plus d’un milliard à activement « liker », « poster », « commenter », « poker » voire même récolter des fraises sur Farmville – jeu de simulation de ferme en temps réel-. En France, en 2007, il y avait une centaine de milliers d’utilisateurs de Facebook. Aujourd’hui, ils sont plus de 25 millions. Cette montée en puissance exponentielle montre à quel point Facebook s’est installé dans notre quotidien. Désormais, une personne qui n’est pas sur ce réseau social fait quasiment figure de paria et suscite même des regards suspicieux.
Avant d’entamer une exploration de la photographie sur Facebook, une petite remise à niveau pour bien comprendre ce réseau social incontournable est nécessaire afin que les irréductibles qui ne se sont pas encore fait un beau profil tout neuf ne soient laissés sur le bas-côté du Web 2.0.
Sur Facebook, on a plein d’amis. Plus encore que dans la vraie vie. Un ancien collègue, l’ancienne belle du lycée que l’on découvre avec plaisir plus si belle que ça, une vieille tante à qui on ne parle plus depuis longtemps. La liste d’amis est le principal outil de navigation sur Facebook. Dans les années 1960, Stanley Milgram mettait au point la théorie du « petit monde » ou des « six degrés de séparation » mettant en évidence que chaque individu est séparé au maximum d’une autre personne par cinq relations intermédiaires. Comprendre, il n’y a que cinq personnes qui me séparent de Barack Obama. Il semblerait qu’avec l’émergence des réseaux sociaux, Barack ne soit plus qu’à 3,74 personnes de moi.
Multiplier ces amis, ce n’est pas seulement se rapprocher un peu plus de l’ensemble de la planète, c’est aussi augmenter d’autant sa propre zone de visibilité. Toutes les photos et vidéos postées, les commentaires écrits, les pensées profondes écrites au retour d’une soirée arrosée où les barrières d’autocensure tombent sont vus par autant de personnes que compte sa liste de contacts. Ces informations qui arriveront alors sur les fils d’actualité de vos amis virtuels seront commentées, « likées » et c’est bien là le but. En effet, un des ressorts principaux des médias sociaux est la recherche permanente de la reconnaissance de ses pairs. Et oui, à quoi bon afficher les photos de votre dernier périple sur les plages vietnamiennes si personne n’est là pour commenter votre bronzage et saluer vos qualités évidentes de photographe (merci Instagram !) ?
Sur Facebook, l’image que l’on veut donner de soi est stratégique. La production de nos contenus, entre autres photographiques, construit petit à petit l’identité que l’on veut bien se donner. Nous sommes comme un curateur de notre propre musée, nous choisissons, agençons un contenu afin de faire passer un message aux spectateurs qui nous regardent, nous commentent et nous « like[nt] ».
Pauline Auzou