Photographe français basé à New-York, Christophe Agou présente, à l’occasion de la 42ème édition des Rencontres d’Arles , son travail photographique Face au Silence lors d’une projection au Méjan.
Le projet Face au Silence est le fruit de huit années de rencontres et de partage avec des hommes et des femmes qui vivent et travaillent au milieu d’une campagne calme et désertique, loin d’un monde où il y a tant d’efforts à vouloir constamment « être connecté » et consommer davantage.
Vous quittez la France en 1992 pour vous installer à New York. Pourquoi avez-vous décidé 10 ans plus tard de revenir dans votre pays natal pour y réaliser ce projet photographique ?
Mes sentiments liés à l’éloignement de mon pays d’enfance pendant de nombreuses années me poussent à retrouver mes racines, les souvenirs et la vie à la campagne. Au Printemps 2002, je décide de passer du temps dans la région où je suis né, le Forez. Je n’ai aucun projet précis en tête. Je me rends dans les lieux les plus reculés de montagne et de plaine, où je rencontre des personnages hors du commun, et dont le comportement ne me laisse pas indifférent. Les images et le silence s’imposent à moi comme un langage. L’empreinte visible du passé et leur mélancolie m’inspirent…
Vous retrouvez vos racines, des souvenirs, mais avez-vous souhaité, avec ce travail, dénoncer une certaine condition de vie pour un métier qui devient difficile à exercer ?
Au fil des ans et de mes visites des liens d’amitiés se sont tissés. Chaque instant passé ensemble me rapprochait de leur quotidien et me reliait à eux. Je ne dénonce rien. Je veux simplement rendre les émotions ‘palpables’. La photographie est pour moi une interrogation, un échange et un langage. Elle rend visibles des états d’âme profonds, parfois inconscients ou même symboliques. A mes yeux tout est en voie de disparition, ce qui explique sans doute une des raisons pour lesquelles je photographie.
Quel regard portez-vous sur votre sujet presque 10 ans après l’avoir débuté ?
Je suis arrivé de justesse à la fin d’une époque. Tout le temps passé avec eux et dans leurs univers a été pour moi une formidable expérience humaine. J’ai rencontré des gens dotés d’une générosité et d’une gentillesse extraordinaires. Comme la vieillesse, la solitude est une réalité qui nous touche tous, au coeur d’une ville comme dans les Monts du Forez.
L’ouvrage Face au Silence, édité chez Actes Sud, s’est vu décerné le 17ème Prix du meilleur livre Européen de la Photographie . Le prix est remis lors de la soirée du 6 juillet au Théâtre Antique. Une rencontre-signature est également organisée à la librairie Actes Sud le 8 juillet à 15 heures.
Ericka Weidmann
Rencontres d’Arles 2011
Du 4 juillet au 18 septembre
Face au Silence – Christophe Agou
Magasin électrique
10:00 – 19:00
