Au romantisme de sa peinture océanique, Fabio Déronzier oppose la théâtralité plus tellurique de ses photographies. Les corps nus sont recouverts de terre et semblent sortir des entrailles de la terre dont ils semblent déracinés. De tels « primitifs » semblent soumis à une chaleur oppressante d’un enfer. L’éros y frôle le macabre et entretient un certain malaise.
De tels nus ne peuvent laisser indifférents : leur présence devient soit invivable, soit l’être y trouve une impression étrange de communion avec la terre. Le photographe crée une ambiance particulière autour de personnages isolés en leur terreur. Dans l’incandescence, l’artiste « force » le corps à se montrer sans ostentation et tel qu’il est. L’éphémère de l’instant saisi suggère de mystérieux et fascinants « motifs ». Une réalité est là, mais laisse apparaître une forme de fiction, voire de science-fiction.
L’artiste nous transporte dans son propre Désert de la Mort qui est moins géographique qu’allégorique. La vie est là dans de profondes palpitations, frontières, limites extrêmes, seuils. Fabio Déronzier trouve dans la photographie une manière d’explorer ce qui tient à l’incessant devenir de l’être et du monde. Trop d’artistes les confondent avec le néant et les maintiennent à distance. Le plasticien s’y refuse. Il transforme la photographie en cérémoniel austère, violent, érotique et poétique, d’où jaillit une sorte de mystique sensuelle.
Jean-Paul Gavard-Perret
Fabio Déronzier, Photographies
Galerie French Arts Factory
19 rue de Seine
75006 Paris
http://frenchartsfactory.paris/