Yvon Lambert s’intéresse aux frontiers et à ce qu’elles représentent. Pendant dix ans il a parcouru différentes régions frontalières. Ses impressionnantes prises de vue en noir et blanc nous plongent dans le contexte historique de ces lieux.
La relation par rapport à la réalité se traduit moins par des oppositions que par des nuances subtiles.
“Les lieux parcourus dans ces histoires photographiques ont en commun d’être ou d’avoir été des lieux frontières.
Cette itinérance nourrie du dialogue entre le lecteur et le photographe est à voir, à lire, comme une tentative de ramener la frontière, objet d’enjeux étatiques, à hauteur d’individu, de destins d’hommes venus buter sur ces lignes de passage ou d’arrêt, de mort comme dans le cas de Walter Benjamin. Ce sont donc les mots de Franz Kafka, Walter Benjamin, Georges Perec, Peter Handke et bien d’autres écrivains qui ont déterminé le choix des lieux que je donne à voir.
Les premiers pas de ce projet s’inscrivent dans une époque où l’on pouvait croire aux démantèlements progressifs des frontières nationales. Cependant ces vingt dernières années nous ont offert le spectacle de conflits parfois sanglants à l’intérieur même de l’Europe. Ce qui explique que dans certaines de ces photographies apparaissent les traces de ces évènements comme à l’insu de moi même.
Ces lieux frontières qui, banalement comme tout autre lieu donnent à voir des paysages et des hommes, ont quelque chose de mystérieux ou de tristement actuel, Georges Perec en parlait comme du lieu même de la disparition.”
Ces séries photographiques ont été réalisées durant les années 1989 à 2009.
Né en 1955 à Luxembourg. Vit et travaille à Luxembourg. Il est représenté par l’Agence Vu à Paris. Il débute comme ingénieur technicien en sidérurgie et fait ensuite des études de photographie à Bruxelles. Il réalise des reportages sur commande de ministères étrangers et d’institutions culturelles, nationales et internationales. Il travaille régulièrement sur le thème des frontières en Europe, un projet primé au « Grand Prix de la Ville de Vevey » en 1995. Ses photographies sont montrées partout dans le monde.
L’exposition fait partie de la saison photographique 2017 – 2018 de Clervaux – cité de l’image : De tous les noirs et blancs.
De l’opposition distincte entre le noir et le blanc naît le vague pressentiment qu’il y a plus, qu’il y a plus complexe, la nécessité de différencier. Et bien, la photographie ne fait pas exception ni dans sa mission artistique, ni dans son approche documentaire.
La rupture se fait d’abord en surface, puis dans les couches inférieures. Dans la fenêtre de l’oeil photographique tout vit, les choses à l’avant plan et celles en profondeurs. Comme des vagues qui s’enroulent sur elles-mêmes, les nuances se confondent en faveur de l’incertain, mais aussi de la pluralité. Le flou brouille les frontières. Tout brille dans la lumière. Tout scintille dans l’ombre.
La nouvelle saison d’images photographiques est basée sur des vérités multiples et se situe en plein milieu du jour et de la nuit. Elle est enregistrée dans toutes les couleurs noires et blanches.
Plus d’informations sur www.clervauximage.lu
Informations
Clervaux - cité de l'image / Jardin du Bra’haus II
Montée du Château, Clervaux, Luxembourg
19 septembre 2017 au 18 septembre 2018