Le quatrième livre de photographies de Guillaume Geneste, « Trop n’est même pas assez » de la Collection “Autoportraits de famille” édité chez Filigranes Éditions est désormais disponible.
Voilà, c’est déjà fini, tout peut donc se poursuivre, et recommencer autrement – surprise attendue pour l’hiver 2020.
Voilà vingt-quatre ans d’une saga familiale en quatre volumes (1992-2016), dont paraît la dernière livraison (2012-2016) sous la forme d’un petit livre vert.
La famille Geneste (Colette, Guillaume, une fille, un garçon) a considérablement grandi, les enfants nés dans les tomes 2 et 3 ressemblent de plus en plus à leurs parents et ne tarderont pas à voler de leurs propres ailes.
Prenant pour titre un mot tiré du Mariage de Figaro de Beaumarchais, Trop n’est même pas assez, cet opus prolonge loyalement le principe inaugural de la série : que le photographe soit toujours présent d’une façon ou d’une autre dans ses images, ne serait-ce que sur la pointe des pieds.
Avec le temps, les corps sont moins nus – les enfants sont souvent gênés de l’intimité de leur parent-, un peu plus retenus peut-être – l’effusion et les baisers-bisous incessants sont surtout du temps de la petite enfance et des premières années de couple -, mais la famille est toujours là, unie, soudée, dans les voyages, en France (île de Batz, Marseille, Biarritz, Trouville, Le Crotoy, La Rochelle, Montpellier) comme à l’étranger (Portugal, Italie, Crète, Japon, Allemagne, Irlande, Angleterre, Etats-Unis), et dans la vie quotidienne à Paris.
Drames et déceptions ont peut-être été vécus – qui sait ? -, mais l’important est d’accueillir tout ensemble, l’adversité comme les bonheurs simples.
La tonalité semble parfois un peu plus sombre que dans les volumes précédents, mais tant qu’on se brosse ensemble les dents autour de la même vasque, tout va bien.
Comme en haptonomie, l’essentiel était d’assurer par le toucher une sécurité de base, afin que l’enfant accède sans angoisse à sa pleine autonomie.
Voilà pourquoi il n’y aura dans l’immédiat pas de suite à cette odyssée intime, dont les petites planètes évolueront bientôt en toute indépendance.
En attendant de se séparer, le noir et blanc, qui ne passe pas comme les couleurs, offre à chaque instant sa chance d’immortalité.
Il y a des fantômes dans le miroir, des dieux égyptiens, des envoûtements.
Quelques bananes dans un plat posé sur une commode : c’est une offrande sur un autel que surplombe un ex-voto.
Guillaume Geneste photographie les siens, qui, en images, sont déjà des ombres produisant des ombres.
Fraternité des binoclards, danse des spectres autour d’un volcan, rire de grands vivants que rincent les pluies italiennes.
Les corps sont ensemble, mais c’est surtout un même esprit qui plane sur eux, encore plus fort que les caresses.
Sur fond d’anarchie, le père tient l’appareil, la loi de l’œil, attentif à la danse de l’existant, veillant sur le sommeil des justes.
Dans le capharnaüm de la vie, des chemins de liberté sont trouvés : éthique du déplacement permanent.
Dans le train, au restaurant, dans la cuisine, on se regarde directement, on se sourit, on se confirme.
La vie est belle, c’est un théâtre d’ombres et de lumières précaires, un miracle persistant.
L’Histoire existe, mais c’est à peine un décor, que traverse comme un module interstellaire une famille embarquée dans l’affection et le bruit toujours neuf.
Fabien Ribery
Plus d’informations sur : https://www.filigranes.com/livre/trop-nest-meme-pas-assez/
Informations
Filigranes Éditions
https://www.filigranes.com/livre/trop-nest-meme-pas-assez/
09 novembre 2019 au 09 janvier 2020