Rafael Navarro est un artiste espagnol qui habite aux portes d’un désert en Aragon. Auteur prolifique, il a réalisé de nombreuses séries, privilégiant la tension à l’harmonie, tout en gardant une esthétique qui lui est propre. Il manie habilement une confrontation des signes d’où naît, des messages invisibles qui aboutissent à des ensembles d’une grande force. Il sait doser le noir et le blanc en nous donnant une belle palette de gris, la femme et la nature, le ciel et la terre, l’homme et le monde… Il évite habilement le piège de la redondance, tout en nous livrant l’angoisse de l’humain et la plénitude de la nature sans discontinuer. L’angoisse avec ses mains cramponnées à un support, ses cris, ses tensions signes de détresse, ses trous ; la sensation de paix avec de larges paysages, des ciels, des arbres ou des plantes, le silence. Reste la confrontation, apportée par des routes, des troncs, des murs, des pierres, des branches… On retrouve dans le travail de Rafael Navarro une très forte nécessité d’agir sur la réalité et une constante, la femme, son corps en entier ou morcelé, représentation qui atteint des aspects presque symboliques.
L’auteure Rosa Olivares écrit : « Corps en fragments, avec des traitements spécifiques de lumière, en mouvement… mais en marge de cette constante, il faut dire que la présence de la femme représentée en son corps nu signifie bien davantage. Quelque chose apparaît dans les œuvres, une communion avec la nature, un pont dans la transformation du naturel en culturel, un canon de mesure, un élément de juxtaposition. En définitive, c’est peut-être un des éléments qui, avec l’idée d’abstraction, devient un des axes créatifs permanents de l’œuvre de Rafael Navarro. »
Lui dit : « Quand je photographie, le point de départ est toujours la réalité ». Il utilise diverses techniques, pour d’une certaine façon, abstraire la réalité en vue de former d’autres réalités qui lui sont propres, jusqu’à convertir ce que l’on appelle une photographie traditionnelle en œuvre abstraite. Mais au-delà de ces techniques, du savoir-faire, de la performance des appareils et du laboratoire, il y a l’idée, le regard de l’artiste et cette nécessité de raconter ce qu’il a ressenti et cette volonté de nous transmettre ses sensations.
Informations
Fondation Auer Ory pour la photographie
10 rue du Couchant CH-1248 Hermance Suisse Switzerland
14 septembre 2017 au 25 novembre 2017