La galerie Parallax, à Lourmarin, propose un regard croisé de trois photographes sur les corps= Pierre-Jean Amar, Sook Shin, Florence Verrier. Qu’ils soient jeunes, vieux, féminins, masculins, l’exposition met en exergue leurs présences, leurs matérialités.
Paradoxe du nu : cacher le corps pour mieux le montrer. Pour cela, le photographe le laisse dans l’ombre, n’en garde qu’une courbe ou un blason : une toison pubienne, la pointe d’un sein… Au départ, le corps est bien présent, dans sa pleine nudité blessée par la lumière. Il faudra alors l’y soustraire en le plongeant dans la douce pénombre, l’envelopper d’un drap protecteur, pour lui faire oublier la brûlure des photons.
Il faudra le rendre presque abstrait, vider le référent de sa matérialité trop encombrante pour qu’il devienne ce sensuel équilibre d’ombre et lumière que sont les nus photographiés par Pierre-Jean Amar. Le modèle aura perdu alors son visage et toute identité réelle pour se fondre dans l’anonymat des prénoms : Liliane, Corinne, Ghislaine, Maïté… Chacun d’eux renvoie à des rencontres — parfois pour une unique séance de pose, parfois répétées jusqu’à devenir familières — inscrites sur près de trois décennies.
Dans l’intimité de la pénombre et du fragment, c’est en fait l’ombre portée d’un tout autre conflit qui se dessine sur le corps-écran : celui que les perles ou les nœuds de différents rideaux engagent avec la lumière pénétrant l’espace silencieux de la chambre transformée en studio. Les ombres habillent alors le corps d’autant de métaphores ; il devient un immense tatouage, un animal mystérieux à la peau mouchetée, un paysage de dunes… La beauté plastique n’oblitère qu’un instant la souffrance de l’âme et l’usure du temps. Dans son laboratoire, lorsque sur le miroir de la feuille blanche les ombres lentement remontent à la surface, le photographe se souvient alors des brèves rencontres d’Éros et Psyché.
Informations
Galerie Parallax
1 Rue Henri Sarret 84160 Lourmarin France
14 avril 2018 au 08 juillet 2018