Perspectives Épiques
”Cela fait partie du travail du photographe de voir plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui quelque chose de la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois ou du voyageur qui pénètre dans un pays étrange.” (Bill Brandt)
Faire en photo tout type de perspective est un défi. Pellicules ou capteurs photo étant plans, il faut de l’astuce pour faire croire au cerveau qu’un volume ou un espace scénique peut s’y inscrire. Problème soumis aux artistes, techniciens et scientifiques depuis l’Antiquité. Autant de solutions que de civilisations, d’époques, d’écoles ou même d’artistes, jouant avec l’imaginaire. Pour la fête de la science 2018, l’exposition cænnaise offre un échantillon des solutions photographiques de l’auteur.
Si les principaux types de perspective sont restitués dans l’exposition – architectures bien verticales, panoramas étendus, vues aériennes ou “cavalières” – le numérique permet toute audace et liberté créative. Pour enrichir & dépasser la norme : espaces psychologiques ou dadaïstes, et même les géométries impossibles d’Escher. Ces perspectives non académiques générées par assemblage logiciel ont souvent trop de défauts, que l’esprit créatif tire à son profit en les anticipant pour les corriger… ou les exagérer aux “interstices infra-minces” de la logique visuelle ; merci Marcel Duchamp ! Ce qui nécessite tout autant présence attentive et imagination que rigueur et logique ! Maurice Blanchot dit quelque part que “tout art tire son origine d’un défaut exceptionnel”, c’est exactement le cas.
Le photographe flirte ici avec la Sémantique Générale d’Alfred Korzybski : la photo n’est pas ce qu’elle représente, c’est une œuvre en soi. Ces perspectives photo sont Épiques au sens théâtral de Bertolt Brecht. De la condensation visuelle & narrative pour chaque situation complexe, tel cet “ultime voyage de Cristophe Colomb” dont le tombeau fait notable procession sur fond d’apparition “invisible d’une caravelle” – image paranoïa christique façon Dali – car, comme dit Brecht, il faut “montrer qu’on montre”, qui sera dupe : le spectateur ? Qu’il s’émancipe donc de ses conditionnements dans les arcanes libertaires de l’Art.
Et qu’on s’amuse à repérer de petites erreurs d’algorithmes (pieusement conservées) qui truffent çà-et-là certaines images, qu’on observe tout & qu’on entre dans leurs épopées imaginaires où temps, rôles, objets, lieux et personnes s’entremêlent joyeusement.
Alors la Vie vous paraitra peut-être la merveille absolue de l’univers. Ce que ne peut percevoir l’I.A. “artiste”, c’est-à-dire le regard pénétrant d’un Picasso, Dalì, Cartier-Bresson ou Salgado, sur ce monde que l’irrationnel économique met méthodiquement en ruine. S’en émanciper façon Brecht, en sourire comme Prévert. En Photographie aussi, la “révélation” rend l’esprit sain.
Une exposition en partenariat avec l’Université de Caen et son Service Commun de Documentation (SCD), l’ESPE de Caen et « Surface Sans Cible” (Association caennaise pour la Défense et la Promotion de l’image Actuelle et Créative).
Deux espaces d’exposition :
École Supérieure des Professeurs d’École (ESPE) de Caen, 186 rue de la Délivrande à Caen ; visible les jours ouvrables du 8 octobre au 5 décembre, de 8h 30 à 18h.
Bibliothèque Universitaire Rosalind Franklin (BURF/Sciences-STAPS) campus 2 de Caen ; du 6 décembre au 31 janvier 2019, les lundi de 10 – 19h, mardi-vendredi 9 – 19h, samedi 10 – 19h.
Événements satellites :
Un livret flickr virtuel de l’expo est accessible sur le site de la BURF avec le lien https://www.flickr.com/photos/97346339@N05/45225718271
Conférence “La perspective ? son épopée dans l’art et les sciences est usai pédagogique” co-animée par le photographe et le mathématicien (formateur pédagogique) Jean-Pierre Legoff, spécialiste de la Perspective dans l’Histoire de l’Art. le 16 novembre à l’ESPE de Caen.
Documents et dispositifs perspectifs présentés par le Laboratoire Mathématique Nicolas Oresme (université & IREM de Caen) en complément de l’expo photo à la Bibliothèque Rosalind Franklin, en décembre et janvier.
L’auteur, photographe duchampien
Professeur retraité d’Arts Appliqués, ex-prof de Maths-Sciences et fondateur de la Galerie d’Art Paul CORNU à Lisieux, ceinture noire d’Aïkibudo, mélomane partenaire photo de l’Orchestre Régional de Normandie depuis 2013 et de quelques Jazz(wo)men caen.
Esprit transdisciplinaire, il s’intéresse aux processus créatifs tels que la neuropédagogie de l’art dont il fut l’un des pionniers en France , ou à l’Art Contemporain dans l’imagerie spatiale, la perception extra-sensorielle des artistes ou “mystiques” [par ex. Teilhard de Chardin], la révision “intuitionniste” de la Théorie des Nombres. En 1995 il invente une “métagrille” systémique et dynamique pour classer rationnellement des idées ou théories [par ex. sur l’Évolution du vivant].
En 50 ans de photographie il explore des films, effets et cadrages spéciaux dans une veine picturale et surréaliste. Digne fils d’un excellent peintre cézannien, il expose régulièrement ses images à la B.U. Rosalind-Franklin (campus 2, Cæn) : photo-manifeste “Nul n’est propriétaire du regard d’autrui” , “La Voie de la Photographie”, “J’ai 10ans” (commande pour l’anniversaire de la BU Sciences-STAPS), “Harmonies alpestres” reportage mi-photo mi-BD sur un concert d’altitude et la géologie des Alpes. En 2016 Il rejoint Surface Sans Cible (SSC, association vouée à la “promotion de la photo actuelle et de création”) au sein de laquelle il participe à Normandie Impressionniste de même qu’avec le collectif photo OI-14 & La Fabrique au Chemin Vert à Cæn.
Perspectives Épiques exploite les ressources formelles & géométriques de la photo numérique. Les images sont issues d’une technique personnelle de fusion photographique associée à une présence créative-martiale dans des situations complexes (en prise de vue), pour provoquer des fautes d’assemblage automatique, inconvenantes à la raison mais d’une délicieuse poésie surréaliste issue du “hasard objectif” descendant un escalier sur un grand verre.
Courriel: [email protected]
Informations
École Supérieure des Professeurs d’École (ESPE) de Caen / Bibliothèque Universitaire Rosalind Franklin (du 6 décembre au 31 janvier)
186 rue de la délivrande 14000 Caen France
08 octobre 2018 au 31 janvier 2019