Initiée il y a une vingtaine d’années, la série Kai de Osamu James Nakagawa constitue une exploration et une méditation visuelle sur la nature cyclique du changement au sein de la famille. Présentée à la fois comme un journal de bord sur ses proches, et un fil narratif profondément humain, la série résonne d’une gravité émotionnelle d’une grande profondeur.
Lorsque l’artiste démarre son projet en 1998, il traverse des moments bouleversants : on vient de diagnostiquer un cancer chez son père, et sa femme Tomoko attend leur fille, Hikari. « La photographie m’a permis de “ralentir”, raconte-t-il, et de m’interroger sur les changements qui modifiaient le rythme de ma vie. J’ai commencé à comprendre à quel point il était important de conserver et de créer des souvenirs, en construisant des liens visuels et des relations entre les membres de ma famille. Tout en observant ma fille en train de grandir, je me suis intéressé peu à peu au lien entre le moi, le parent, et l’enfant. Au fur et à mesure, j’ai compris que le temps était circulaire, que commencement et fin pouvaient être simultanés. Kai représente ce cercle, qui n’en finit pas de tourner. »
En 2010, alors que la santé de sa mère décline et que sa fille passe ses examens de fin de secondaire, c’est de nouveau grâce à son objectif que Nakagawa affronte cette période de trouble. Ses clichés de famille sont toujours en format carré, mais désormais en couleur et en numérique. Il se concentre majoritairement sur l’intersection de la fin de la vie de sa mère avec celle de sa petite-fille, sur le point de partir à l’université. Les clichés en couleur font écho aux premières scènes familiales en noir et blanc. Leur composition est admirable, touchante et tendre. Nous assistons à des kilomètres du cheminement de Hikari, désormais jeune femme – sa cérémonie de remise de diplômes, son bal de fin d’études – à côté de la mère de Nakagawa, avec un inventaire de sa vie : des collants jetés sur les draps, son regard qui se fane, mais reste direct, et ses mains qui autrefois, alors qu’elle était jeune mère, ont porté le photographe.
Les images de Kai créent une conversation qui transcende la culture et concerne les liens intimes entre générations, les strates de l’attachement et de l’indépendance, les rôles changeants de l’enfant qui devient l’accompagnant, tout en accueillant avec amour les histoires de ses ancêtres.
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30 mars 2018 au 05 mai 2018