Les choses qui échappent revêtent autant d’importance que celles que l’on comprend ou que l’on abouche.
Dans le travail de Marcos Avila Forero, l’œuvre ne réside pas seulement dans la « trace » qu’il décide d’exposer, qu’il s’agisse d’un film, d’une photographie ou d’une sculpture. Le terrain, les temps du repérage, de l’observation et de l’échange constituent pour l’artiste, avec la recherche d’archives, un préalable intime et documentaire nécessaire.
« Mon travail existe avant tout là où je le fais. »
La sélection de photographies que constitue la troisième exposition individuelle de Marcos Avila Forero à la Galerie Dohyang Lee joue ainsi le rôle du carnet de croquis ou de notes qui accompagne souvent ses œuvres dans leur exposition. Elles sont la matière du hors-champ et le signalent. Documentaires ou journalistiques, si les portraits exposés disent aussi les coulisses de la création, ils sont avant tout un outil pour comprendre et appréhender le contexte dans lequel l’artiste inscrit la série Estenopeícas rurales, restitution de la mémoire (2015): les campagnes colombiennes et le retour chez eux après un long exil de ses habitants engagés dans une lutte organisée – armée ou pas –, pour défendre leurs droits à la terre.
Dans ce travail, l’artiste se saisit d’une question posée aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité par la signature du traité de paix avec les FARC. Aussi, déploie-t-il en ce moment des œuvres qui se complètent sur le monde paysan colombien et sa lutte armée dans le cadre des expositions individuelle Les choses qui vibrent au Grand Café de Saint Nazaire et collective, Medellín, une histoire colombienne des années 1950 à aujourd’hui, aux Abattoirs de Toulouse où il présente notamment un triptyque de Estenopeícas rurales.
Les clichés de Les Choses qui Echappent marquent le temps des retrouvailles, après l’exil, entre des lieux d’habitation, leur environnement et ceux qui les font vivre. Ce temps intime fixé sur la pellicule fera l’objet d’une inversion de perspective et d’une création de profondeur historique dans la série Estenopeícas rurales. Ce sont les maisons elles mêmes qui attestent de l’existence de ces exilés rendus à l’état fantomatique. Les portraits exposés ici témoignent d’une présence retrouvée dont la série s’emploiera à rendre le caractère intermittent. Comment créer et convoquer l’histoire de l’absence à partir de la présence…
Plus d’informations sur www.galeriedohyanglee.com
Informations
Dohyang Lee Gallery
73-75 rue Quincampoix 75003 Paris, France
17 octobre 2017 au 25 novembre 2017