Du 23 février au 27 avril 2019, la Galerie PARALLAX présente l’exposition « Les lignes » avec Martin Becka et Jean-Marc Yersin.
Conférences : 16 mars avec Martin Becka et 13 avril avec Jean-Marc Yersin
« Les lignes »
Deux lignes tracées dans le territoire, surplombant la campagne, enjambant les cours d’eau, séparant les champs… lignes de béton, de ballast, d’acier.
L’une en France, l’autre au Canada, nous plongeant chacune dans une histoire et un espace-temps différent.
Deux abandons, pour des raisons différentes, l’une économique, l’autre structurelle.
Deux photographes suivant ces rails, deux visions, deux ressentis qui nous transportent vers nulle part.
Une balade mélancolique au cœur du souvenir d’endroits qui paraissent désertés de l’humanité.
La ligne silencieuse : Photographies de Martin Becka
La ligne de chemin de fer entre New Richmond et Gaspé est à l’arrêt depuis bientôt 5 ans. Son fonctionnement fut interrompu suite à une fragilité détectée sur un pont. Une violente tempête lors de l’hiver 2017 en projetant sur les rails des billes de bois en quantité et en déstabilisant par endroit le ballast qui longe les estuaires a détérioré ce tronçon de la ligne.
A l’heure où je rédige ce texte l’avenir de ce bout de ligne de chemin de fer semble incertain. En découvrant son histoire lors de mon arrivée pour la résidence photographique sur la Gaspésie ce sujet s’est imposé d’emblée.
Mes séries photographiques sont consacrées essentiellement à l’architecture, aux espaces urbains, péri-urbains et aux paysages. Si le flamboyant de l’architecture de certaines cités est d’emblée attirant, l’architecture utilitaire et industrielle structurant les territoires présente à mes yeux tout autant d’intérêt.
Bien qu’aujourd’hui la ligne le chemin de fer du sud de la Gaspésie ne fonctionne plus dans sa plus grande partie, elle continue à être intimement liée au territoire, parfois passant sans aucune délimitation au cœur même des bourgs, croisant les routes, enjambant rivières et valons. Les ouvrages d’arts impressionnants semblent se faire tout petits face aux paysages grandioses des estuaires, les gares modestes parfois nichées en pleine nature ou limitrophes de villes ne manquent pas d’être signalées par des panneaux qui témoignent de leur importance. Entre les maisons des villages, au bord de l’eau, ou au cœur des forêts, ce fil d’Ariane tisse la trame du territoire entre les habitants et leurs paysages, paysages gaspésiens dont l’immensité est fascinante pour un œil européen. Évoluant à proximité de ces rails devenus silencieux, j’y ai croisé à mon étonnement beaucoup plus de monde que je ne pouvais l’imaginer. Promeneurs, sportifs, habitants de maisons situées à proximités, automobilistes marquant un arrêt, les gaspésiens guettant la moindre activité pouvant ressembler à des futurs travaux venaient spontanément discuter pour s’interroger sur l’avenir de la ligne et des conséquences pour le futur de toute la région de sa remise en état ou de son abandon…
La ligne : Photographies de Jean-Marc Yersin
C’est l’un de mes correspondants sur le web qui me signala cet exceptionnel objet architectural, un viaduc de 18km, magistral, monumental, sans aucun usage ni accès. Partant de nulle part pour mener à rien, il impose sa monumentale présence sur la plaine beauceronne, entre Paris et Orléans. Vestige du génie de l’ingénieur Bertin, qui sut convaincre jusqu’au sommet de la République de la pertinence de son projet d’Aérotrain, devenu extravagant aux yeux de ceux qui signèrent son arrêt de mort pour mieux lancer les TGV, cet ouvrage sort bel et bien de l’ordinaire.
Futuriste lors de sa conception, il l’est encore… Dessiné avec talent, il interpelle. Sa silhouette anachronique fonctionne comme une sorte d’installation de Land Art oubliée, préfigurant la manière dont nos infrastructures, devenues vestiges, pourraient un jour être vues, par d’autres, dans un autre temps.
Ce viaduc pourrait être monument historique, attraction touristique, il est pourtant à l’abandon. Sectionné par la construction d’une autoroute, puis par un accident avec un véhicule agricole, il semblerait qu’il gêne…mais il résiste, le coût de sa démolition serait colossal… En 2015, on lui décerne le label «patrimoine du XXe siècle».
Autour du viaduc, le temps s’est en quelque sorte suspendu. Le silence règne… pourtant, on pourrait encore imaginer l’Aérotrain surgir sur la plaine dans le vrombissement de son réacteur, comme sous le crayon de Claude Auclair, dans sa bande dessinée post-apocalyptique «Les pèlerins» de la série «Simon du fleuve».
Mais certains se souviennent encore de l’étonnante aventure industrielle menée par l’ingénieur Jean Bertin et son Aérotrain à coussin d’air, qui, dans les années 1960, se déplaçait sans plus de frottement, comme en lévitation, sur une première ligne au sol, entre Gometz et Limours près de Paris, puis sur ce viaduc, où il dépassa les 400 km/h. Parmi ceux-ci, une association de passionnés conserve deux des prototypes de Jean Bertin et m’ouvrit les portes d’un hangar où d’autres entretiennent avec passion des véhicules issus de la Seconde Guerre mondiale. Les prototypes d’Aérotrains y côtoient des Jeeps, autres dépanneuses et chars Sherman. Curieusement, la course pourrait bien rependre avec la construction d’une piste d’essais pour les candidats au concours de l’Hyperloop imaginé par Elon Musk afin de relier Los Angeles à San Francisco en moins d’une demi-heure, à plus de 1’000 km/h.
La galerie PARALLAX
La galerie PARALLAX est un espace dédié à l’art photographique contemporain.
Elle a pour vocation de proposer les visions artistiques croisées de photographes sur un thème en lien avec une culture, un territoire et son histoire.
Lieu de création photographique, la galerie PARALLAX élaborera au fil de ses expositions un inventaire artistique d’un patrimoine, témoignage de notre époque, au travers des diverses techniques photographiques.
Défendre le travail d’auteur photographique, le promouvoir et le présenter au plus large public, telles seront ses missions.
La ligne artistique de PARALLAX se définit comme : « l’effet du changement de position de l’observateur sur ce qu’il perçoit ».
Pour plus d’informations : www.galerieparallax.fr
Informations
Galerie Parallax - créations photographiques
3 rue des Epinaux 13100 Aix-en-Provence France
23 février 2019 au 27 avril 2019