3134. représente la distance en kilomètres qui sépare Abidjan de Casablanca. Joana Choumali a vécu et étudié à Casablanca, l’artiste dit elle-même « avoir gardé un souvenir fort du Maroc ».
3134. renvoie aussi à la notion de migration, de voyages, et de dialogues, non seulement à travers le monde et entre les différentes cultures mais aussi dialogues et voyages intérieurs dans lesquels Joana puise son inspiration.
L’artiste utilise la photographie pour explorer son identité. Une grande partie de son travail parle de l’Afrique, et ce qu’elle, en tant qu’africaine, apprend sur les myriades de cultures qui l’entourent. Son travail lui permet d’explorer les hypothèses qu’elle a et la nourrit alors qu’elle développe ses conceptions du monde.
« Mon travail est un témoignage de mon temps, de ce qui m’entoure, des multitudes de cultures, de sous-cultures et des phénomènes que j’observe, que ce soit sur mon continent ou à l’extérieur. J’aime beaucoup faire des parallèles entre ce qui rapproche les humains plutôt que ce qui les divise. » Joana Choumali
Pour autant Joana ne traite pas seulement de l’Afrique mais porte aussi un message universel, un message d’espoir à travers ses différentes séries. La place particulière du Maroc dans le cœur de l’artiste fait de Casablanca un lieu fort pour revenir sur son travail en présentant un large corpus d’œuvres qui contient une partie de son intimité profonde.
Joana Choumali
Née en 1974 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Joana a étudié les arts graphiques à Casablanca (Maroc). Avant de commencer sa carrière de photographe, elle a travaillé comme directrice artistique pour une agence de publicité. Depuis 2000, elle a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives sur le continent africain, en France et en Grande-Bretagne. Sa série « Hââbré*, la dernière génération » (2013-14), plusieurs fois primée, a d’ailleurs été présentée en Afrique et en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis et en Malaisie, la scarification représentée étant une vieille tradition africaine. Autrefois une norme de statut social élevé, elle est aujourd’hui en voie de disparition, en raison de l’évolution des valeurs dans les sociétés contemporaines. En conséquence, cette série est un témoin des temps anciens.
La série « Resilients » (2013-14), dans laquelle Joana a photographié des femmes africaines dans les vêtements traditionnels de ses ancêtres féminins, traite également du passé et du présent. De même, « Adorn » (2015) a un caractère documentaire. Néanmoins, il s’agit de la réinterprétation des normes de beauté européennes par les femmes noires africaines d’aujourd’hui. La série a été présentée dans le Pavillon de la Côte d’Ivoire à la Biennale de Venise 2017. Par ailleurs, la série « Translation » (2016-17) y a été présentée. L’artiste s’interroge ici sur la migration et ses effets sur les sociétés concernées et sur le rêve persistant des Africains de trouver une vie meilleure dans le monde occidental, malgré les obstacles comme les visas.
La récente série de Joana « ça va aller… » (2016 – 2018) a été prise trois semaines après les attentats terroristes de Grand Bassam (Côte d’Ivoire) le 13 mars 2016. Bassam a toujours été pour elle un lieu de retraite paisible, avec un souvenir positif d’expérience d’enfance et de rencontres familiales, jusqu’au jour du raid. Même si les événements ont causé une profonde tristesse dans la petite ville, ces sentiments ont souvent été raccourcis par la formule « ça va aller… ». En capturant l’atmosphère sombre et en brodant ces images, l’artiste a tenté de guérir les blessures mentales. « ça va aller… » a été présenté pour la première fois à AKAA – Also Known As Africa 2017 à Paris, puis à la Biennale de la Photographie africaine – Rencontres de Bamako en 2017, puis au 1-54 Art Fair à Marrakech, à New York et à Londres 2018.
La dernière série de Joana, Albahian, est faite de multiples couches de tissus délicats et rêveurs, entrelacés et brodés avec des parties d’images, des collages poétiques de photographies. Le monde réel fusionne avec les sentiments et les impressions du monde intérieur, ce qui donne une image évocatrice et complexe enrichie par des significations invisibles. Ce qui ne serait pas possible sans l’examen introspectif que Joana Choumali a subi.
Alba’hian signifie la « première lueur du matin », ou l’aube, en langue agni de Côte d’Ivoire, et célèbre l’énergie puissante qui vient avec le début d’un nouveau jour, la nouvelle lumière qui rend tout visible et illumine le monde de la même façon que nous sommes nés de nouveau au moment où nous embrassons notre moi intérieur et acceptons notre vraie nature.
Pour plus d »informations: http://www.loftartgallery.net/
Informations
Loft Art Gallery
13 Rue El Kaïssi, Casablanca 20250, Maroc
07 février 2019 au 10 mars 2019