Pour sa deuxième exposition personnelle, Jean-Paul Morrel-Armstrong troque son boîtier photographique pour un travail de déchirure sur ses propres tirages. Sacrilège, reniement du passé ou périlleux saut dans l’avenir ? La déchirure fait aussi bien référence au psychique qu’au corporel, au social qu’au divin. Elle est douloureuse : celle qui donne la vie, ou annonce ou symbolise la mort (cf. voile du temple ou rituel du deuil de la keria). Musculaire, elle est synonyme de bien des maux ; si elle est fréquente psychologiquement, elle se panse grâce aux mots.
TENTSUGI – néologisme japonais – s’inspire du kintsugi, technique de réparation des poteries brisées par des jointures en or. Ici, l’or est remplacé par le point (ten). Celui-ci devient l’élément qui apporte la lumière, crée la richesse et surtout l’unicité. Par ce biais, Jean-Paul Morrel-Armstrong se réapproprie des techniques usuelles (photographie, collage et dessin) en en livrant une interprétation toute personnelle. Comme les céramistes réparent les failles, l’artiste comble les espaces que la déchirure a ouverts. Il ne s’agit donc pas de dissimuler, ce qui pour le photographe serait la ruine de son travail, mais bien de recréer la matière manquante pour redonner du sens au passé et à l’histoire du sujet photographique. Ainsi, la photographie n’est pas un arrêt sur image à un instant T, mais bien la narration d’une histoire dont l’artiste magnifie les imperfections.
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Informations
ΠJAMA Galerie (Pijama Galerie)
82, rue de Turenne, 75003 Paris, France
12 octobre 2017 au 18 novembre 2017