En cette période électorale au Brésil, la galerie Ilian Rebei présente une exposition rassemblant des artistes brésiliens recherchant le thème du corps et de la politique. Tous les artistes invités, de différentes générations, ont réfléchi sur leur rapport à la situation politique du Brésil.
Ulysses Carrilho est un commissaire d’exposition et critique d’art brésilien. Il est commissaire de l’Escola de Artes Visuais do Parque Lage de 2018 à 2022. Il réalise également de nombreuses expositions en collaboration avec des musées dont : « Arte Naïf : Nenhum museu a menos » pour le Museu internacional de Arte Naïf do Brasil en 2019 et « Espoir » pour le Museu de Arte Sacra de São Paulo en 2021.
Le point de départ de l’exposition est l’année 1968, une année charnière dans l’histoire politique du Brésil. Marquée par des manifestations publiques d’étudiants et de travailleurs – reliant son histoire même à celle de la France – c’est aussi l’année de l’AI-5, connue sous le nom d’Acte institutionnel numéro 5, qui a servi à institutionnaliser les pratiques de torture, de répression et de censure des généraux. Il s’agit du cinquième des dix-sept décrets majeurs émis par la dictature militaire dans les années qui ont suivi le coup d’État de 1964 au Brésil.
De ce point de départ à aujourd’hui, cette exposition réunit des œuvres historiques des années 1960, 1970 et 1980 et continue vers le contemporain à
travers une histoire de lutte pour la liberté de ses citoyens et pour la reconnaissance du pays en tant qu’État démocratique. Cette démocratie s’est
affirmée seulement dans la décennie des années 1980, où la Constitution de 1988, l’actuelle Constitution du Brésil, a été rédigée en réaction à la période de dictature militaire, et a cherché à garantir les droits individuels et à restreindre la capacité de l’État à limiter la liberté, à punir les délits et à réglementer la vie individuelle. Dans le contexte actuel de retour manifeste à l’extrême droite ou à l’extrémisme de droite à l’échelle mondiale, l’exposition vise à considérer la démocratie comme un résultat important des mouvements populaires, mais aussi comme un concept. Ce dernier est limité au défi auquel nous sommes confrontés en empruntant le chemin qui vient du Sud global, marqué par la violence coloniale et le militarisme.
Pour élargir le discours et ne pas comprendre la démocratie seulement comme un concept limité, dérivé de la pensée de Theodor Adorno sur l’extrême droite et confronté à la malléabilité des mots et des normes, l’idée du corps en soi peut également être remise en question à travers la poétique féministe et queer des œuvres exposées dans ce projet.
À travers un large éventail de stratégies visuelles employées par les artistes contemporains sélectionnés pour Tu m’ouvres tes bras et on fait un pays, ce projet curatorial vise à rendre l’idée de l’art brésilien plus complexe et plus excitante pour le public européen. Cette exposition désobéit à certains préjugés sur l’art latino-américain, en inscrivant le Brésil dans son histoire nationale mais aussi en entrelaçant ces productions esthétiques dans un contexte plus large : l’urgence de la transformation des technologies biopolitiques qui produisent des corps et des sexualités, construits par l’histoire patriarcale et coloniale capitaliste.
Galerie Ilian Rebei – Tu m’ouvres tes bras et on fait un pays : Brésil, corps et démocratie
Commissariat : Ulysses Carrilho
Du 15 octobre au 18 décembre 2022
50 rue Chapon, 75003
Vernissage le 15 octobre de 17h à 21h
Exposition du 15 octobre au 18 décembre
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Informations
Galerie Ilian Rebei
50 rue Chapon, 75003 Paris
15 octobre 2022 au 18 octobre 2022