La galerie L’Angle présente à Hendaye le travail d’Aurélien David. Son exposition BeLeaf & Chlorophyllians s’ancre dans une pensée biologique comme écologique tout en dialoguant par ses procédés photographiques avec l’histoire de la photographie.
Le travail d’Aurélien David révèle une métamorphose, celle de notre propre transformation en quelque chose d’autre qui ne serait plus nous-même, au point que l’on ne puisse plus se reconnaître… Par l’emploi de procédés photographiques naturels tel que l’anthotype utilisé en surimpression pour sa série BeLeaf, ou celui du Vert de Hooker en rehausse de ses images pour sa dernière série Chlorophyllians, le photographe nous parle de l’abandon de ce qui nous fait Humain. Paradoxalement, en fusionnant ses sujets avec le végétal, il alerte en creux sur notre abandon à Gaïa, la terre-mère, et sur la perte progressive de notre relation à l’Autre, à l’Être, au Vivant. De ses expériences glanées auprès des communautés d’Afrique de l’Ouest, et par le biais d’une photographie que l’on pourrait qualifier d’humaniste, exprimée dans une forme simple – mais non simpliste -, l’artiste traite de ces abandons qui nous menacent mais aussi des solutions qui s’offrent à nous, telles que la force du collectif – en opposition à l’individualisme – et d’une conscience écologique en évolution vers une forme plus éco-sociale. Ainsi, par un travail de recherche où la photographie vient en appui de la pensée des philosophes du Vivant, Aurélien David nous conduit à envisager une mutation urgente et vitale qui doit nous mener du biomorphisme à la biopolitique.
Didier Mandart
BeLeaf
« BeLeaf visite le végétal qui est en nous. Au fil de ses voyages sur son voilier, Aurélien David pose sur ses contemporains un regard animiste, les invitant à jouer les protagonistes d’un conte tribal, dans lequel ils se métamorphosent peu à peu en plantes. En photographiant des personnes dans différentes régions d’Afrique de l’Ouest avec le même protocole, il dessine une fresque universelle (…). Grâce au soleil et à la chlorophylle, les visages ont pour singularité d’être révélés de façon naturelle, directement sur des feuilles d’arbres, pour devenir les masques d’un rituel. La combinaison des choix du photographe amène le regardeur à un certain type de lecture et à faire ce qu’il appelle un « effort anthropomorphiste », à chercher l’Humain dans le Végétal. Une invitation à repenser nos liens avec la Nature. »
Aurélien David.
Chlorophyllians
« J’aime penser que le monde pourrait s’effondrer à n’importe quel moment, c’est simplement que jusqu’à présent, ça ne s’est pas produit » – John Baldessari
Chlorophyllians est un récit photographique d’anticipation dans lequel des ex-humains ont achevé́ leur mutation végétale pour devenir des êtres autres, diluant identité́ et ego dans la chair chlorophyllienne du Vivant. Il s’agit pour la plupart de scènes de genre issues de la tradition picturale, parfois plus oniriques, réalisées en Afrique de l’Ouest entre 2020 et 2022, au cours de deux séjours en voilier. Les images sont imprimées sur du papier en fibres de bambou et rehaussées avec du Vert de Hooker, un pigment portant le nom du botaniste Anglais qui l’a créé au XIXe siècle. Les traces de pinceau sont légèrement visibles, suggérant le mouvement des fluides chlorophylliens parcourant ces êtres – et leur vitalité – ayant fait le choix de se libérer de leur condition humaine destructrice, en épousant la sagesse végétale pratiquée par les plantes, dont « aucun geste de leur action n’a d’effets en dehors d’elles-mêmes » (1). C’est ainsi que les Chlorophylliens semblent vivre hors du temps : ils ont effectivement abandonné le temps des humains pour adopter celui des plantes. Une mutation non sans peine, cette pensée leur ayant demandé un long apprentissage, car « apprendre des plantes, c’est d’abord désapprendre l’approche objectivante du monde » (2), offrant un contrepoint décisif au romantique et révolu « désenchantement du monde » de Max Weber.
Aurélien David.
(1) – Francis Ponge, Le Parti pris des choses
(2) – Michael Marder, La pensée végétale, une philosophie de la vie des plantes
Aurélien David
Aurélien David est né en 1983 à Senlis, il vit et travaille à Nantes. Après une formation en ethnologie et à l’école ICART Photo Paris, il développe au fil de ses voyages en voilier une écriture chlorophyllienne, mixant les croyances et les techniques pour produire une esthétique relationnelle du vivant, interrogeant notre représentation de l’environnement. Ses workshops permettent depuis 2012 la diffusion du pouvoir photosensible des végétaux. Il a exposé entre autres, à la Biennale Mediterranea 16 (Ancône, Italie), au centre de création La Compagnie, le Centre Photographique de Marseille (Prix Polyptyque, Marseille), au Jardin des Plantes de Rouen (La Ronde#5), au Quai des savoirs (Toulouse) ou à Fotofever Paris 2021 avec la galerie L’ANGLE. À l’été 2022, il remporte le 3ème prix du festival Arles Expo le Off 2022 placé sous la présidence d’Olivier Föllmi.
L’ANGLE
6, rue des Citronniers 64700 Hendaye
Tel. 06 80 06 28 57
[email protected]
www.langlephotos.fr
facebook.com/langlephotos/
instagram.com/l_angle_photographies/
Ouverture du jeudi au samedi : 11h/13h – 15h/19h et le dimanche : 11h/13h
Ou sur rendez-vous
Vernissage de l’exposition en présence du photographe, le samedi 8 octobre à 18h30.
Informations
Galerie L'Angle
6, rue des Citronniers, 64700 Hendaye
06 octobre 2022 au 13 novembre 2022