A l’occasion de l’exposition personnelle de Hideyuki Ishibashi intitulée « Portraits », qui court jusqu’au 29 mars 2025, la Galerie Bigaignon propose des visites privées et commentées.
L’exposition « Portraits » retrace l’histoire fascinante d’une entreprise de poterie fondée à Kyoto en 1916, célèbre pour son savoir-faire ancestral. En 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, face à la pénurie de métal, l’armée japonaise ordonne la production de grenades en céramique. Les potiers de Fujihira Togei, aidés par des écolières recrutées en urgence, fabriquent ces grenades, alliant ainsi leur art traditionnel à un usage militaire. Après la guerre, 240 grenades sont secrètement enterrées pour éviter que l’ennemi ne s’empare de ce savoir-faire.
L’histoire aurait pu s’éteindre là, mais en 2016, lors de travaux près de l’usine, ces grenades enfouies sont redécouvertes. Cette trouvaille exceptionnelle devient le point de départ d’un projet artistique unique mené par Hideyuki Ishibashi, artiste japonais. Il se lance alors dans une démarche profondément émotive et inédite : capturer l’ombre des grenades en utilisant la technique du cyanotype, exposant chaque grenade à la lumière du Soleil à des heures précises. Ces impressions, marquées par le temps, expriment à travers le papier la mémoire de ces objets chargés d’histoire. Mais l’artiste va plus loin et utilise ces cyanotypes négatifs pour créer des tirages positifs à la gomme bichromatée, mêlant terre et suie issues des lieux mêmes de fabrication des grenades. Le résultat est une série de photographies qui, à la fois poétiques et poignantes, saisissent l’empreinte du temps et l’interrogation du passé, tout en mettant en lumière l’intrication du savoir-faire artisanal et du tragique.
La Galerie Bigaignon présente jusqu’au 29 mars, une sélection de cinquante de ces tirages exceptionnels dont chaque œuvre semble incarner l’histoire d’une époque, celle d’un art millénaire de la poterie confronté aux horreurs de la guerre, mais aussi celle d’un groupe d’écolières dont l’histoire aurait pu rester enfouie à jamais. Dans la singularité propre de chacune des grenades, leur portrait.
Les visites permettront également de se plonger dans l’épopée fascinante de la série précédente d’Hideyuki Ishibashi, « Présage », entre rêve et réalité.
Réservation en ligne sur les créneaux suivants :
- jeudi 13 mars, de 19h à 20h
- vendredi 21 mars, de 19h à 20h
- mercredi 26 mars, de 19h à 20h
- samedi 29 mars, de 17h à 18h
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