Certaines photographies demandent à être regardées face à soi, encadrées et accrochées sur un mur, pour être appréciées à leurs justes valeurs. Pentti Sammallahti tire lui-même ses épreuves avec un talent immense et ses chefs-d’œuvre de nuances (n’ayons pas peur des mots) à la fois justes et clairvoyantes, ces authentiques offrandes au regard, exigent une confrontation directe pour être savourées.
Chacune des expositions de cet auteur finlandais constitue un moment rare et précieux qui nourrit les dialogues intimes, un moment pour soi. S’il existe une sensibilité ou, mieux, une poétique visuelle, celle-ci demeure incontestablement dans les œuvres de ce photographe. Son œuvre puise sa filiation dans la déambulation photographique, dans cette attitude flâneuse et attentive née au milieu du 20ème siècle avec les Kertész, les Cartier-Bresson et les Sudek.
Cette œuvre, discrète et pourtant considérable, garde ses distances avec la voracité visuelle de notre époque. Elle nous emmène avec elle, bien loin des formatages et des lieux communs et nous fait ainsi un bien fou : pas de méthodes, pas de sujets de prédilection (la grâce des animaux peut-être), pas de systèmes, juste une immersion dans la délicatesse du vivant et la beauté du pas grand-chose, dans le silence, dans le moment et sa perfection candide.
Pentti Sammallahti ne raconte pas d’histoires, ne cherche pas à rendre compte d’une situation ou d’une action. Si la vie quotidienne est présente dans ses images c’est pour l’élever au rang d’évènement intemporel pour mieux relever l’universalité des attitudes et des gestes qu’ils aient été saisis au Népal, en Russie ou au Maroc. Pentti Sammallahti n’est pas un passeur anodin, un faiseur d’images comme les autres. Il est « maître regardeur » tout comme il est maître tireur, un de ceux qui nous prennent par la main et nous glissent doucement à l’oreille : « vois ! ». Son attention, sa patience et sa bienveillance joyeuse deviennent alors les nôtres. Et, plongés dans ses images comme dans une sorte de communion, nous devenons à notre tour attentifs aux détails, aux humeurs du temps, aux mouvements des lignes, aux profondeurs des espaces lointains, au bruit des nuages et aux vibrations imperceptibles des oiseaux en plein vol.
Michaël Houlette
Maison de la Photographie Robert Doisneau (1, rue de la Division du Général Leclerc 94250 Gentilly, France) – 19 octobre au 13 janvier 2019
Pour plus d’informations: http://www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr/
Galerie Camera Obscura (268 Boulevard Raspail, 75014 Paris France) – du 26 octobre au 29 décembre 2018
Pour plus d’informations: https://www.galeriecameraobscura.fr/index.html
Informations
Maison de la Photographie Robert Doisneau
1, rue de la Division du Général Leclerc 94250 Gentilly, France
19 octobre 2018 au 13 janvier 2019