Cette exposition emprunte son titre à la publication À ma fenêtre d’André Kertész (Éditions Herscher, 1981) et présente le travail new-yorkais de deux artistes de deux générations différentes: André Kertész (1894-1985) et Arne Svenson (b. 1952).
New York City, 1978 : à l’âge de 84 ans André Kertész se trouve seul dans son appartement de Manhattan, endeuillé par le récent décès de sa femme Elizabeth. Pour lui changer des idées, un ami lui apporte un petit appareil qui vient d’être commercialisé, le Polaroid SX-70. Le maître de la photographie en noir et blanc s’en empare pour produire, pendant les six années suivantes une de ses dernières grandes séries. La plupart de ses Polaroids ont été pris à la fenêtre de son appartement donnant sur Washington Square ; le regard de l’artiste portait pourtant surtout vers son intériorité. Il y compose des mises en scène délicates avec ses objets personnels, comme des hommages poétiques à la mémoire de sa femme. Avec cet appareil aux tirages immédiats Kertész retrouve non seulement une certaine paix mais un renouveau artistique. On retrouve dans ses petites natures mortes en couleur des références à son célèbre travail en noir et blanc, avec des nuances de lumière, des jeux de profondeur de champs et des distorsions corporelles.
New York City, 2012 : trente-trois ans plus tard, l’artiste Arne Svenson est également à la fenêtre de son appartement de Manhattan mais son regard se porte vers l’extérieur sur les scènes de vie qui se déroulent dans les immeubles en face, des personnages qui entrent et sortent du cadre des grandes fenêtres. Au lieu de photographier des visages, Svenson préfère capturer le ballet des corps en relation avec l’architecture : une tête qui se détourne; le mouvement gracieux d’un bras; une silhouette à peine visible derrière un grand rideau. En contraste avec le travail de Kertész, ces portraits en très grand format sont un hommage à la vie, à des moments de grâce et de quiétude dans l’agitation de cette ville. Baptisée ‘The Neighbors’, ou ‘les Voisins’, la série a été publiée dans un livre en 2015 avec une préface de David Ebony.
Biographie d’artiste : André KERTESZ (1894-1985)
La carrière artistique d’André Kertész, né à Budapest, a commencé en 1912 et a duré 73 ans. Après une formation le destinant à un avenir dans la finance, Kertész choisit en 1925 de s’installer à Paris afin de poursuivre son rêve : devenir photographe. Après des débuts difficiles, il s’impose comme une des signatures photographiques les plus importantes en Europe. En 1936, il quitte Paris pour New York avec sa femme Elizabeth mais dès le début, il peine à s’intégrer dans ce nouveau pays, tant sur le plan personnel qu’artistique. Avec l’irruption de la deuxième guerre mondiale, et dans l’impossibilité de retourner en Europe, Kertész finit par accepter, en 1947, un poste au service photographique du magazine House & Garden où son travail se concentre sur l’architecture. Adoré par les équipes de la rédaction, il y resterait 15 ans mais considère ces années comme des années ‘perdues’, et décide en 1962 de ne plus renouveler son contrat avec Condé Nast. A partir de cette date, et soutenu par la réussite l’entreprise de sa femme, Kertész se consacre de nouveau à son art, renouant avec l’enthousiasme de ses débuts. En 1976, au moment où il commence à récolter le fruit de ces dures années, un cancer du poumon est diagnostiqué chez sa femme. Elle luttera mais succombera en 1977. Quelques années plus tard, Kertész a trouvé une façon d’exprimer sa tristesse dans ce petit appareil compact, le Polaroid SX-70. Après sa mort, en 1985, le travail d’André Kertész fut enfin reconnu par des artistes, musées et galeries du monde entier.
La Galerie Miranda remercie la Stephen Bulger Gallery (Toronto) et l’Estate d’André Kertész (NY) pour le prêt des oeuvres si précieuses d’André Kertész.
Biographie d’artiste : Arne SVENSON
Né à Santa Monica (Californie) et résidant à New York, photographe Arne Svenson explore des sujets très variés avec toujours une même quête ; capturer la paix intérieure chez ses sujets, qu’ils soient humains ou pas. Photographe autodidacte, Svenson mène en parallèle une carrière d’enseignant auprès de personnes handicapées. Ses photographies ont été exposées aux États-Unis et en Europe et figurent dans des collections américaines de référence, par exemple les musées SFMOMA, (San Francisco), Museum of Fine Arts (Houston, Texas), Carnegie Museum of Art, (Pittsburgh) et le Modern Art Museum of Fort Worth (Texas). Svenson est lauréat de nombreux prix et bourses, notamment le Nancy Graves Foundation Grant (2008) et le James D.PhelanArt Award in Photography (2005). En 2016 Svenson reçoit le Nannen Prize pour sa série The Neighbors. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont UnspeakingLikeness,The Neighbors, Prisoners, and Sock Monkeys (200 out of 1,863) et son travail a été exposé récemment au Museum of Contemporary Art Denver (The Neighbors, 2016) et au Western Gallery, Western Washington University, Bellingham, Washington (2017).
À propos de la Galerie Miranda
En mars 2018 la Galerie Miranda ouvre ses portes dans le 10ème arrondissement de Paris au 21 rue du Château d’Eau, tout près de la Place de la République et à 100 mètres de l’ancien emplacement du fabuleux Diorama et du laboratoire de Louis Daguerre, rue Léon Jouhaux, détruits par un incendie en 1839. Galerie d’art et librairie spécialisées dans la photographie, la Galerie Miranda est fondée par Miranda Salt, australienne résidente du 10è arrondissement depuis son arrivée en France en 1995, et propose des œuvres d’artistes établis, reconnus dans leurs pays mais peu exposés en France voire en Europe. La Galerie Miranda propose aussi une sélection d’ouvrages autour de la vie de photographes ainsi que de personnes œuvrant dans le monde des arts plastiques et des sciences humaines plus généralement : biographies et récits de vie, textes critiques et livres d’artistes.
La Galerie Miranda a inauguré sa programmation le 8 mars 2018, journée internationale de la femme, avec un premier cycle d’expositions dédié aux artistes femmes aux parcours exceptionnels : Jo Ann Callis (Prix Guggenheim en 1990), Nancy Wilson-Pajic et Marina Berio (Prix Guggenheim 2017). Exposée actuellement à la galerie, Ellen Carey a reçu une bourse en 2017 de la Andy Warhol Foundation for the Visual Arts (NY, NY) afin de financer sa future exposition et catalogue rétrospectifs prévus au Burchfield-Penney Art Center (BPAC).
Galerie Miranda
21 rue du Château d’Eau
75010 Paris FRANCE
mardi-samedi 12:00-19:00 ou sur rendez-vous Galerie : + 33 1 40 38 36 53 [email protected]
Pour plus d’informations: http://www.galeriemiranda.com
Informations
Galerie Miranda
21 rue du Château d'Eau 75010 Paris France
14 décembre 2018 au 16 février 2019