Il y a tant de façons d’échouer lorsqu’on photographie la pauvreté. La rendre exotique. Être condescendant. Rester en surface. En cherchant d’abord à montrer le plus flagrant, les photographes peuvent aussi passer à côté de ce qui est humain et déchirant.
Eugene Richards, photographe documentaire qui a passé plus de quatre décennies à enquêter sur les tensions raciales, les inégalités et les classes sociales, a abordé ce terrain délicat à la fin des années 1980, en voyageant dans onze Etats américains, pour rencontrer des familles désoeuvrées. Ce travail est devenu un livre, Below the Line (En dessous du seuil de pauvreté). Ses photos entraînent le lecteur de fermes en quartiers déshérités, du Massachusetts au Wyoming. Elles soulignent ainsi la profondeur de la pauvreté, bien plus universelle que ce que croient les gens, notamment les critiques de Richards.