Il s’agit du huitième Dialogue de la Collection Ettore Molinario. Un dialogue qui naît du plaisir d’avoir pu se retrouver à Paris Photo et de ressentir à nouveau le pouvoir de la photographie. On juxtapose un portrait de Cecil Beaton, entré dans la collection il y a quelques jours, et un petit chef-d’œuvre d’un auteur anonyme qui attendait son bon partenaire depuis de nombreuses années. Je vous invite à découvrir « un certain quelque chose » qui unit les deux images et à nous suivre lors de nos prochains rendez-vous.
Ettore Molinario
Si nous avions une caméra cinématographique, nous partirions de cette main de madone et de mannequin qui tient une croix d’ivoire et la montre entre ses doigts très fins comme la relique d’un péché joyeux. De la paume levée vers le ciel nous grimpions le long des grains du chapelet, nous caressions le cou de cette fille et ce sourire écarlate qui dépasse sa bouche et promet des merveilles. Même les yeux le disent, dans l’obscurité du mascara qui ne laisse briller que l’étoile bleue de l’iris : « entrez dans le jeu ». Et l’autre main le dit aussi alors qu’elle descend à terre, vers ses passions, et se repose avec assurance sur une peau de tigre. Si nous avions une caméra, nous demanderions à Cecil Beaton de continuer le film, de rejouer et de marcher vers nous, en se faufilant dans la féminité extrêmement raffinée et cruelle qui l’habite.