Estelle Lagarde a réalisé son image de Photo d’Hôtel, Photo d’Auteur en novembre 2013 à l’Hôtel du Panthéon. La photographe nous invite au cœur du processus de création, et nous raconte la préparation à cette commande si particulière. Nous publions également une sélection d’images issues de plusieurs de ses séries photographiques.
Le tirage au sort me donna l’hôtel du Panthéon, et me faisait publier mon texte et mon image sur le site PHPA seulement en novembre 2013. Ce délai était très bien pour moi, cela me laissait un an pour réfléchir et préparer ce que je souhaitais faire. Je n’ai pas attendu la nuit dans l’hôtel pour concevoir l’idée du texte et de l’image. Tout de suite j’ai eu envie de « travailler » sur ce que j’allais faire, sans connaitre l’hôtel, mais en fantasmant sur ce qu’il était, soit un hôtel situé juste en face du Panthéon. Je me suis donc renseignée sur le Panthéon. Puis je me suis intéressée au cas de Voltaire et Rousseau qui se sont « querellés » toute leur vie, sont morts à un mois d’intervalle bien qu’ils aient 18 ans d’écart, et ont été enterrés finalement côte à côte. Cette idée qu’ils se retrouvent si proches dans la mort quant tout semblait les opposer dans la vie m’a beaucoup intriguée. Après avoir lu et avoir été très touchée par les lettres de Voltaire et de Rousseau, je me suis donné pour défi d’écrire un texte en alexandrins, comme un exercice. Fascinée par les mots et les tournures de phrases de cette époque, mais sans avoir la prétention de les égaler bien sûr. Et je voulais une dimension ludique, que ce soit dans le texte ou dans l’image.
Evoquer les différences entre notre époque et la leur sur le langage ou les modes de communication m’a semblé intéressant.
Lorsque je suis enfin allée dans l’hôtel, le texte était prêt. La photo était plus ou moins pensée également. Il fallait choisir l’espace le plus inspirant de l’hôtel pour cette image. La chambre noire et or aux mille dragons s’est imposée d’elle-même.
Je me suis dit que Voltaire aurait probablement choisi cette pièce pour son séjour à l’hôtel.
Estelle Lagarde