La galerie Edwynn Houk présente sa première exposition d’œuvres du photographe de mode Erwin Blumenfeld. Cette importante exposition rassemble un groupe rare de 35 tirages vintage provenant d’une collection personnelle gardée intacte depuis la mort de l’artiste en 1969.
Erwin Blumenfeld est considéré comme l’un des pionniers de la photographie de mode aux côtés de George Hoyningen-Heune, Cecil Beaton et Horst P. Horst. Chez Blumenfeld, il n’était pas seulement question d’utiliser les techniques expérimentales dans la chambre noire, de tester les influences surréalistes et la « street photography ». C’était une combinaison unique d’élégance et d’érotisme qui a transformé la mode en un art de haut niveau et a ouvert la voie à Richard Avedon, Irving Penn, Herb Ritts et d’autres photographes qui jouissent d’une véritable reconnaissance dans l’histoire de l’art.
En plus de détenir le record du plus grand nombre de couvertures de Vogue, l’œuvre de Blumenfeld est abondamment reproduite dans les pages du Cosmopolitan, Harper ‘s Bazaar, Life et Vogue durant les années 1930, 40 et 50. Un grand nombre d’images recueillies à partir de ces tirages feront partie de cette exposition et sont depuis devenues des icônes de l’histoire de la photographie de mode. Certaines d’entre elles n’ont jamais été vues auparavant, toutes les images ne mettent pas en valeur l’innovation seule de Blumenfeld en tant que photographe de mode, mais également son habileté spectaculaire comme tireur. Dans son examen rétrospectif des travaux de Blumenfeld, William Ewing écrivait: «Son travail très original et visionnaire se présentait comme un mélange homogène du négatif et du positif : la prise de vue en studio et le processus de fabrication dans la chambre noire. »
Dans le studio, Blumenfeld a souvent employé des miroirs, le verre et des arrières plans reproduit à partir de peintures, d’images de cathédrales ou de mosaïques de couvertures de magazines. Il a souvent utilisé des voiles qui pourraient déformer ou allonger la figure, persuadé que la femme partiellement cachée est plus érotiquement chargée que lorsqu’on la voit entièrement nue. Il croyait aussi que l’impression de l’image était tout aussi importante que le processus de capture et comme Man Ray, il s’est montré inlassablement inventif dans la chambre noire, déployant une variété de procédés optiques et chimiques, y compris des expositions multiples, la solarisation et le blanchiment. L’exposition comprend un certain nombre de ses impressions Kodalith, dans lequel le contraste entre le noir et le blanc est encore plus sombre, idéal pour les besoins graphiques du magazine et de ses annonceurs.
Blumenfeld est né à Berlin en 1897 et il s’installa à Amsterdam durant sa jeunesse. C’était là, tout en s’occupant d’une boutique de maroquinerie, qu’il commença à expérimenter la photographie et qu’il s’impliqua dans le mouvement Dada. Il aurait utilisé l’entrepôt du magasin comme chambre noire alors qu’il affichait ses photos aux fenêtres. Le succès dans le secteur du cuir lui échappa mais sa confiance en la photographie finira par grandir et quand il déménagea à Paris en 1936, il s’engagea dans la carrière qui allait le rendre célèbre. Au départ les magazines de mode étaient réticents à l’employer, des publications plus à l’avant-garde comme Photographie exposèrent régulièrement son travail. Enfin, avec le soutien crucial de la photographe britannique Cecil Beaton, qui se trouvait étroitement liée à Condé Nast, Blumenfeld fut récompensé par un contrat avec Vogue en 1938. Pendant l’été 1941, juste après sa libération d’un camp d’internement durant l’occupation allemande en France, Blumenfeld émigra avec sa famille à New York. Dans les années 1950, il était devenu le photographe de mode le plus accompli et le mieux payé au monde.
Erwin Blumenfeld
Jusqu’au 7 Janvier 2012
Edwynn Houk Gallery
745 Fifth Avenue #407
New York NY 10151