Fusionner l’art pictural à l’art photographique, beaucoup s’y sont essayés. Les Pictorialistes, par leur génie et leurs procédés cabalistiques, y sont parvenus en leur temps. Plus récemment, il nous a été donné à voir d’assez nombreuses imitations de tableaux emblématiques ou des portraits directement inspirés de l’Ecole hollandaise mais ces images, qui par leurs formats imposants cherchent à s’en approcher, ne m’ont pas toujours convaincu.
L’idée m’est venue de tirer parti de ce que notre époque nous offre de résolument moderne pour inviter mes modèles dans de rares œuvres disposées à les accueillir. Car encore fallait-il que ces Maîtres m’aient réservé un espace pour y placer une de mes amies. En cherchant bien, j’ai pu glaner dans les musées quelques toiles répondant à cette condition; l’autre étant qu’il soit possible de les photographier correctement à main levée, sans reflets et à hauteur d’homme. Il s’agissait alors de me plonger dans chaque composition, de l’analyser, de la disséquer centimètre par centimètre, afin d’y intégrer mon nu par tous les moyens possibles. Le point de vue, la direction de la lumière, la touche, la couleur, l’esprit…: tout se doit de correspondre.
Les peintres et sculpteurs classiques ne s’y sont pas trompés: ils savaient qu’une source majeure de représentation et d’inspiration réside dans le corps féminin. De l’Eve éternelle à la Vénus tentatrice, des Muses aux Nymphes, des Trois Grâces à Esther, de Suzanne (et ses Vieillards) à Léda (et son Cygne), tous les prétextes leur ont été bons pour les dénuder. J’admire ces artistes qui ont réussi de tous temps à imposer ces impudiques beautés!
Il ne m’a donc pas semblé irrévérencieux, pour l’adorateur que je suis à la fois de la grande peinture et des infinis charmes féminins, d’ajouter ma patte à d’accommodants chefs-d’œuvre, étant persuadé que leurs auteurs n’en auraient pas autrement sourcillé…
Dahmane
