Lors d’un bref séjour à Beyrouth, en novembre 2008, mon œil a immédiatement été attiré par la diversité et la fantaisie des taxis libanais. J’étais entouré de « Dream taxi », « Speed Taxi », « Star Taxi » et autres « Taxi Charlie », qui tous avaient leur personnalité. J’ai eu envie de les photographier : ils se répondaient les uns aux autres et contribuaient à l’identité et au charme de la ville. C’était le début d’une aventure qui allait me conduire de Beyrouth à Bombay en passant par New York, Shanghai et Bucarest.
Je suis souvent amené à prendre le taxi et j’aime retrouver cette expérience à la fois familière et inattendue, internationale mais toujours ancrée dans la réalité du lieu visité. J’aime aussi cette impression de temps suspendu, de parenthèses que m’offrent les trajets en taxi. J’ai photographié sans prétention d’exhaustivité, au fil de mes déplacements, au gré des rencontres, cherchant à saisir des singularités trop discrètes et capter les différences qui séparent les taxis les uns des autres. J’aime l’idée du rapprochement visuel, le jeu des ressemblances et des oppositions.
Le taxi fait partie intégrante d’un paysage urbain tout comme les cabines téléphoniques, les réverbères, les bancs ou les feux tricolores. Le taxi agit à sa manière comme une ponctuation dans le flot automobile et donne du rythme, du caractère à la rue. En isolant le taxi de son décor environnant, en se concentrant sur un détail, en rapprochant certaines photos de taxis qui ne se rencontreront jamais, on entrevoit surgit alors un univers qui jusque-là nous échappait.
Collectionneur de choses inutiles et le plus souvent sans valeur marchande, j’ai constitué une collection de taxis miniatures. En tant qu’icône, le taxi n’a rien à envier au camion de pompier ou à la voiture de police. Surtout, j’ai vite réalisé que la diversité repérée dans la rue était aussi de mise dans l’univers des jouets : les enfants ne jouent pas avec le même jouet à Istanbul, Bombay ou Berlin. Une raison de plus pour les accumuler et les faire dialoguer dans ce livre.
J’ai volontairement choisi de donner la priorité aux situations plutôt qu’aux lieux pour que chacun puisse faire son propre voyage. Un trajet en taxi restera toujours une aventure : premier contact avec une autre ville, temps suspendu entre deux rendez-vous, rencontre éventuelle avec celui qui nous conduira à destination. Mais toujours aussi l’occasion d’une découverte informelle grâce aux signes distinctifs accrochés au rétroviseur ou disposés sur le tableau de bord : autant d’indices qui suggèrent une passion, une patrie ou une famille, bref autant d’occasions rêvées de nous entraîner vers un autre monde…
Alors, BON VOYAGE !
Éric Chesnais
« Help taxi ! »
Du 17 avril au 20 mai 2012
ARTAZART
83, quai de valmy
75010 Paris
+33 (0)1 40 40 24 00
[email protected]
