Bonjour. Mon nom est photojournalisme… et j’ai un problème. Je suis malade. Même si je n’ai pas l’impression d’avoir changé. Il y a peut-être quelque chose de nouveau dans l’air, que mon système immunitaire n’est pas en mesure de gérer. Avant, le journalisme était une profession respectée et admirée. Mince, même Walter Cronkite a été un jour élu « Homme le plus fiable d’Amérique. » Et c’était le cas !
Pourriez-vous imaginer que l’un d’entre nous soit aujourd’hui considéré comme l’« Homme le plus fiable d’Amérique » ? Il semblerait que notre profession auparavant si estimée n’est plus aussi respectée. Dans un sondage récent, selon lequel les infirmières étaient les professionnelles auxquelles les interrogés faisaient le plus confiance, 87% des journalistes étaient à 23%… Nous arrivons toutefois devant les vendeurs de voitures d’occasion (9%) et les membres du Congrès (8%).
Bonjour. Mon nom est photojournalisme… et j’ai un problème. Qui dois-je consulter ? Certains me conseillent de demander l’avis d’un ancien, de quelqu’un qui a travaillé dans le milieu pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte. Dans un entretien récent pour le New York Times, interrogé sur l’état de notre profession, le photojournaliste d’expérience Donald Winslow a déclaré à propos de la « qualité » : « De plusieurs façons, la photographie est devenue de la junk food pour les éditeurs. » Les iPhones sont-ils les nouveaux McNikons et McCanons ?
Son entretien semble avoir suscité des débats animés (toujours bienvenus), notamment chez les jeunes photographes, qui ne se faisaient pas une idée aussi sombre de leur avenir dans le photojournalisme. Voilà donc le hic. Qui croire ? Rappelez-vous, je suis malade. Mais alors, dois-je prendre les conseils d’un homme médecin depuis quarante ans… ou d’un récent diplômé ? Réponse : toujours prendre un second avis… avant de se décider.
Bonjour. Mon nom est photojournalisme… et j’ai un problème. Tout le monde me déteste. J’ai pris un sacré coup en 1997, quand les paparazzi ont été accusés de la mort de Lady Di. Depuis ce jour, tous les photographes sont considérés comme des êtres nuisibles traquant les célébrités. Le fait que le nouveau président des Etats-Unis nous appelle « les ennemis du peuple ! » n’arrange rien. Euh… Ne l’avons-nous pas aidé à se faire élire ?
Pour la première fois, je me souviens que les photographes ont été « parqués » comme des animaux pendant la campagne de Trump, montrés du doigts dans ses discours où il nous a catalogués : « médias malhonnêtes », sous les huées retentissantes du public. Le photographe expérimenté, reporter pour Time Magazine, Christopher Morris, s’est fait étrangler et frapper par un gardien parce qu’il s’était soit disant dépassé la zone de presse, pour le plus grand plaisir d’une foule en train d’acclamer.
Bonjour. Mon nom est photojournalisme… et j’ai un problème. Que dire à mes enfants ? Mon père était photojournaliste… et avant lui, son père. Mais maintenant que je suis à un tournant, que dire à ma fille ou mon fils ? J’ai vécu et travaillé à une époque où cela semblait compter. Le dur labeur était reconnu et récompensé. Aujourd’hui, la plateforme a changé ; avec les réseaux sociaux, des millions d’images sont distribuées directement, sans avoir été examinées, ce qui ne fait qu’ajouter de l’huile au moteur des « fausses actualités ».
Je crois que j’aimerais dire à mes enfants de suivre leurs rêves, quelle que soit la profession qu’ils auront choisie. Mais comme pour beaucoup de choses dans la vie, la situation n’est plus la même… Alors je leur dirais de se préparer à ce qu’on leur demande de faire beaucoup plus pour être payés beaucoup moins.
Bonjour. Mon nom est photojournalisme… et j’ai un problème.
James K. Colton
James K. Colton est rédacteur en chef de Large, chez ZUMA Press, rédacteur en chef de zPhotoJournal.com, ancien éditeur photo pour Sport Illustrated, et éditeur des illustrations pour Associated Press.