Le masque est mystérieux et impénétrable, à la fois déroutant d’inexpressivité et puissamment évocateur. Souvent utilisé dans la mode, les arts du spectacle, et pour les cérémonies et rituels dans de nombreuses cultures à travers le monde, le masque répond à un certain désir de métamorphose et de différenciation. Au-delà, le masque nous permet d’aborder la représentation de l’intériorité humaine. En soit, le masque n’est qu’un objet inerte, supposé recouvrir le visage pour dissimuler l’identité du porteur. En cachant toute émotion humaine, on pourrait penser que le sujet serait réduit à l’objet, et pourtant, le masque rend l’invisible plus visible encore. Animé de l’intérieur, le masque prend vie. En occultant l’identité physique, il révèle notre face cachée. C’est précisément ce pouvoir magique, propre au masque, qui est le sujet de ma série photographique, intitulée Démasqué.
La fabrication des masques est la première étape de mon œuvre. Assemblés à partir de matériaux naturels et de récupération, je les compose au gré de mes émotions. C’est un processus de découverte. Je les travaille jusqu’à y voir une poésie qui fasse écho à mon inventaire de souvenirs et de connaissances. Je mélange souvent des formes animales et humaines. Cet aspect hybride leur confère un caractère irréel, féerique et étrange. Ensuite, je les contextualise par le biais de la photographie, parfois dans des ébauches de mises en scène, histoires ouvertes invitant le spectateur à poursuivre son propre récit. L’ensemble constitue une galerie de portraits de personnages et créatures imaginaires, qui dévoile une part secrète au cœur de la condition humaine.
Emmanuelle Becker
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