Avec la plateforme numérique Elles font la culture, le Ministère de la culture entend aider les femmes et minorités de genre à développer leur carrière.
Alors qu’elles sont majoritaires en école de photographie (68% entre 2018 et 2020), les femmes photographes ont tendance à disparaître par la suite (38% des photographes français sont des femmes). Pour Laurie Chapotte, co-animatrice de l’Atelier numérique du ministère de la Culture et membre de l’équipe d’Elles font la culture, « il y a un véritable nœud autour des trente ans, souvent lié à la maternité, au moment duquel nous constatons un décrochage de la part des femmes. »
Afin de lutter contre ce repli et maintenir les femmes dans la profession, le ministère de la Culture et l’Atelier numérique ont lancé en janvier 2021 la plateforme numérique Elles font la culture dont les cinq membres travaillent à déterminer des solutions adéquates. Dans un premier temps une enquête a été réalisée auprès de photographes, galeries, institutions et associations de manière à définir les problèmes rencontrés par les femmes photographes mais aussi les solutions déjà mises en place, notamment grâce à l’association des Filles de la Photo et au collectif La Part des Femmes, qui travaillent activement sur ce sujet depuis plusieurs années.
Les difficultés relevées sont variées, comme le souligne Sarah Witt, chargée de déploiement pour Elles font la culture : « les clubs utilisatrices que nous avons organisé ont permis de souligner plusieurs problèmes, liés à la précarité, l’isolement, la faible visibilité des opportunités, le manque de légitimité dû à l’absence de modèles féminins dans les postes importants, des ressources techniques et professionnalisantes lacunaires à la sortie de l’école ainsi que les violences sexistes et le harcèlement. »
Partant de ces résultats, plusieurs premiers outils numériques ont été développés, certains toujours en phase d’expérimentation. Une page Ressources regroupant plusieurs articles et vidéos prodigue ainsi de nombreux conseils sur des aspects quotidiens de la vie d’une femme photographe, que ce soit la gestion du temps lors de la maternité, la tarification, l’organisation d’une première exposition ou l’intérêt de rejoindre un collectif. Une liste des bourses, appels à projets et résidences proposées en France a également été mise en ligne, permettant une meilleure visibilité des aides disponibles.
En vue d’encourager l’entraide et de renforcer le lien entre les femmes photographes, des lectures de portfolios sont proposées. Des temps d’échanges ont également été organisés à travers des webinaires et conférences en ligne. Les thèmes abordés vont des choix juridiques et comptables s’offrant au statut de photographe aux coulisses de la photographie de mode en passant par des explications sur la manière de monter un dossier de candidature. Des modèles de dossiers ont d’ailleurs été regroupés dans une bibliothèque en ligne, accessible à toutes, et à tous.
Les premiers retours d’expérience encouragent les membres d’Elles font la culture à continuer sur cette voie d’un outillage numérique qui facilite les démarches. Néanmoins, la question de la part des institutions se pose. Les structures qui accueillent et exposent ces photographes doivent elles aussi faire un pas vers plus de parité. Pour les interpeller, la plateforme du ministère a conçu un index parité dont Chloé Witt et Laurie Chapotte ont « grand espoir qu’il fera bouger les choses. » Récemment publié, il indique pour l’instant la proportion de femmes au niveau des postes de direction et des photographes exposés. Leurs incubatrices espèrent obtenir plus de détails sur les organigrammes afin de le rendre plus précis.
En mettant en place cette plateforme efficace, le ministère de la culture fait le pari du numérique pour rendre la profession moins perméable. Est-ce que les mentalités suivront, nous l’espérons. Elles font la culture semble en tout cas avoir fait ses preuves du côté des femmes photographes. Le souhait de ses créatrices est de s’élargir à d’autres professions.
En savoir plus
