« Littoral Marseille », du nom des stations de bus qui jalonnent le bord de mer, dans un paradoxe inouï car si on peut longer la mer sur une vingtaine de kilomètres, de l’Estaque à la plage du Prado, on la voit peu, presque pas…
C’est ce paradoxe qu’Élise Llinarès a exploré et photographié, un paradoxe que Michel Peraldi, anthropologue au CNRS, décrypte dans un texte engagé et très personnel pour déconstruire les mythes marseillais et plaider pour un usage retrouvé du littoral et de la mer.
Ce livre, où dialoguent photographie et anthropologie, évoque une balade contemplative le long du littoral. Page après page, de l’Estaque à la plage du Prado, la photographe documente les visages et les paysages au plus près de la mer.
Des images dont Michel Peraldi s’est emparé pour dresser le portrait des usages du littoral : braconner, pêcher, habiter, nager, jouer… Avec nostalgie, tristesse et rage, il raconte comment, depuis le XIXe siècle, le littoral est accaparé, pollué.
Et devient, comme il le dit lui-même « une succession d’enclaves privatisées et de dépotoirs, le cimetière de nos rêves et pratiques maritimes perdus ».
« De L’Estaque aux Calanques, le littoral marseillais forme une ligne continue de 57 kilomètres. Mais si l’on pouvait déplier toutes les anses, toutes les criques, aligner les côtes des îles et mettre bout à bout tous les quais, toutes les digues, il représenterait une très vaste étendue dont chaque mètreest scrupuleusement utilisé par les citadins pour accéder à la mer, y déployer des activités sur une large zone qui, malgré les imaginaires, les tempêtes et les apparences, n’a rien, absolument rien, de sauvage. Ou ne l’est plus. »
Extrait du texte de Michel Peraldi
La photographe
Élise Llinarès vit et travaille à Paris. Photographe documentaire, elle fait partie du Studio Hans Lucas.
En 1990, inscrite en Histoire à la Sorbonne, elle séjourne à Berlin pour vivre de l’intérieur les
conséquences de la chute du Mur et la réunification. Elle photographie les squats de Potsdam, les rues pleines de fumée de charbon, les ouvriers en bleu de travail à l’Opéra. De cette expérience fondatrice, elle retient deux choses : la connaissance de l’Histoire est fondamentale, mais l’Histoire en train de se faire est plus belle encore. Et la photographie a une place privilégiée pour enregistrer ce réel bouleversé, chaotique et parfois libérateur.
Convaincue qu’il n’y a pas d’objectivité en Histoire, sa démarche photographique s’inscrit dans une pratique documentaire subjective et critique. Autour de la Méditerranée.
L’auteur
Michel Peraldi est anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS. Il a publié notamment Marseille en résistances (2020) et Sociologie de Marseille (2015) aux éditions La Découverte.
Depuis une vingtaine d’années, Michel Peraldi développe des recherches combinant approche sociologique et anthropologique sur trois domaines de recherche : les circulations migratoires autour du bassin méditerranéen, comprenant les migrations de l’Europe vers le Maghreb et de l’Afrique subsaharienne vers le Maghreb, les dynamiques et les sociétés urbaines cosmopolites, enfin les économies criminelles et informelles.
Littoral Marseille
Élise Llinares – Michel Peraldi
Éditions d’une rive à l’autre
Format 23 x 31 cm
80 pages
46 photographies
64 pages imprimées en quadrichromie sur Symbol Freelife Gloss
16 pages imprimées en noir sur Woodstock Giallo
Reliure Dos carré cousu avec un fil de couleur apparent
ISBN 978-2-9569409-0-6
Prix 35 € TTC
Éditions d’une rive à l’autre